Le 30 janvier dernier, près de 200 femmes, venues d?une peu partout dans la province, ont assisté au colloque «Mairesse ou conseillère, pourquoi pas vous?» à Québec. Quelques participantes de la région ont pris part à cette plénière. Elles en ont appris davantage sur les tenants et aboutissements de ces fonctions, question de mûrir leur propre réflexion quant à leur éventuelle candidature.
Se présenteront-elles lors des prochaines élections municipales? Rien n?est encore décidé pour certaines des participantes rencontrées! Quoiqu?il en soit, le colloque semble les avoir inspiré. «Ce qui ressortait, c?est la détermination de ces femmes et l?urgence d?agir. Être femme est un atout pour ces fonctions et le Québec a un grand besoin de rétablir l?équilibre du pouvoir», a exprimé Gaétane Lamontagne, une résidente de Montmagny présente à cette rencontre. «Peu importe qu?elles soient en région ou en milieu urbain, c?est surtout le travail d?équipe, à la fois dans leurs fonctions publiques et dans leur vie personnelle, qui a été un facteur important dans leur cheminement», a exposé Marjolaine Gagné, de Saint-Jean-Port-Joli.
Faible représentation
Présentement, la proportion des femmes au sein des conseils municipaux des MRC de Montmagny et de L?Islet est de 25,5%. On dénombre 6 mairesses, soit 3 dans chacune des MRC, et 44 conseillères (24 dans le MRC de L?Islet et 20 dans le MRC de Montmagny). En 2002, la proportion des femmes au sein des conseils municipaux de la MRC de L?Islet était de 19%, selon un portrait tracé par le Centre-femmes La Jardilec en collaboration avec le CLD. La tendance a donc légèrement augmentée au fil des ans.
Au Québec, en 2009, la proportion de femmes candidates aux postes de mairesses était de 13%, et celle de conseillères, de 27 %. Présentement, les femmes occupent 16 % des postes de maire et ne représentent que 29 % des conseillères et conseillers municipaux du Québec. Cependant, près du tiers des municipalités, soit 332 sur 1 100, n'ont qu'une femme au sein de leur conseil et 98 n'en ont aucune. Dans les MRC de Montmagny et de L?Islet, 6 municipalités n?ont qu?une seule femme au sein du conseil municipal et 4 n?en compte aucune.
On sait d?or et déjà que plusieurs maires et conseillers (ères) des municipalités des MRC de Montmagny et de L?Islet ne bringueront pas leur poste lors des élections municipales de novembre 2013. Cette ouverture sera-t-elle alors l?occasion pour les femmes d?accroître leur représentativité au sien des conseils municipaux de la Côte-du-Sud?
Pour encourager les femmes à se présenter
Agnès Maltais, la députée de Taschereau, ministre de l?Emploi et de la Solidarité sociale, ministre du Travail, ministre responsable de la Condition féminine et ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches, s?est engagée lors de ce colloque à «mobiliser les élus municipaux afin qu'ils s'entourent de plus de candidates (?). Pour ce faire, notamment, je nommerai des ambassadrices et des ambassadeurs qui porteront le message dans toutes les régions du Québec.»
La ministre Maltais a mentionné que la culture politique, les difficultés de la conciliation travail-famille et le manque de confiance des femmes en elles-mêmes sont des facteurs qui expliquent la faible représentation de la gente féminine dans la sphère politique. «Mais le pouvoir s?apprend», a chaudement exprimé la ministre.
La question du revenu
Lors du colloque, la question du salaire des élus municipaux a été récurrente. Invitée à parler de la conciliation travail-famille-politique, la mairesse de Rivière-Ouelle, Élizabeth Hudon, a bien illustré la problématique du salaire octroyé aux élus municipaux des petites localités, n?obtenant qu?un faible 500$ par mois. D?autres parts, les participantes ont fortement appuyé les propos de Lili Simard, mairesse de Metabetchouan-Lac-à-la-croix, au Lac-Saint-Jean, à ce sujet. «Ça n?a pas de bon sens que la décision de notre salaire soit laissée entre nos mains», a affirmé cette mairesse qui a doublé en 2009 son salaire initial de 12 000$ et qui risque d?en payer le prix aux prochaines élections. «On doit se pencher sur cette question, si on ne veut pas juste avoir des retraités au sein de nos instances municipales», a-t-elle invoqué.
Présente au colloque, Amélie Ringuet, attachée politique pour le député Norbert Morin, considère que le faible revenu dévolu aux fonctions de conseiller(ère) et de maire est le plus grand frein à l?implication, non seulement des femmes, mais également des jeunes au sein de la politique municipale. «Considérant le nombre d?heure de travail demandé, il n?est pas du tout attrayant pour un ou une jeune professionnelle de s?investir dans cette sphère», a-t-elle émis. Mme Ringuet a songé à se présenter comme conseillère, mais en raison d?un conflit d?intérêt, elle ne se présentera pas lors de la campagne de novembre 2013. «Dans nos petites localités, les femmes doivent jumeler la vie familiale, la vie professionnelle et la vie politique pour y arriver. Je lève leur chapeau à celles qui le font.»
Invitée à parler de son expérience personnelle à titre de mairesse de St-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, Marie-Ève Proulx croit également que le salaire des élus municipaux doit relever du gouvernement. «On donne de plus en plus de responsabilités aux municipalités. Alors si on veut s?assurer d?avoir des gens de qualité? et éviter des risques de collusion?», a émis Mme Proulx qui est toujours en réflexion quant à sa candidature aux prochaines élections. «De meilleurs salaires pourraient rendre plus accessible ces fonctions aux femmes qui doivent concilier la vie professionnelle, familiale et politique.»
Marie-Ève Proulx témoignera de son expérience lors des deux conférences organisées par le Réseau des groupes de femmes Chaudière-Appalaches les 26 et 28 février prochain, à Saint-Fabien-de-Panet et à Montmagny. Pour plus d?informations, visitez le www.femmesca.com ou téléphonez au 418-831-7588.
Pour s?outiller
Présent au colloque, le Groupe Femmes, Politique et Démocratie offre des formations afin d?aider les femmes qui souhaitent s?impliquer dans la politique municipale. «Le groupe est non-partisan et jouit d?un vaste réseau de contacts dans toutes les sphères politiques», a précisé Esther Lapointe, directrice du Groupe Femmes, Politique et Démocratie. Deux formations auront lieu à Shawinigan (en février) et à Québec (en mai). Cette «École Femmes et Démocratie» traitera de plusieurs thèmes allant de l?organisation d?une campagne à la lecture politique d?un budget, en passant par les communications et approches stratégiques. Deux ateliers «Simulactions» de simulations de conseils municipaux auront également lieu à Magog (en avril) et à Drummondville (en juin). Pour plus d?information, visitez le www.femmes-politique-et-democratie.com.