Dans son édition du mercredi 31 janvier, le Journal de Québec annonçait que, faute de traversier, des agriculteurs de L’Isle-aux-Grues se sentaient délaissés par la Société des traversiers du Québec (STQ). En entretien avec Michel Montminy, le maire de L’Isle-aux-Grues, M. Frédéric Poulin expliquait que le service de traversier entre Montmagny et L’Isle-aux-Grues, assuré par le NM Grues-des-Îles, s’est terminé vers le 7 décembre 2023, ce qui a pu compliquer la situation des résidents de l’île.
Le traversier cesse habituellement ses activités lorsque les glaces sur le fleuve empêchent la navigation. En décembre dernier, les froids du début du mois ont causé des difficultés de navigation et la Société des traversiers du Québec a opté pour l’arrêt des traverses pour la période hivernale et le remisage du navire, bien qu’un temps plus doux était annoncé pour la semaine suivante. Il en est résulté que les résidents de L’Isle-aux-Grues ont été isolés plus tôt, alors que 2 à 3 semaines de navigation auraient potentiellement été possible selon M. Poulin.
Air Montmagny prend alors la relève pour la saison hivernale afin de faire la navette entre les deux rives. Par contre, il n’est dès lors plus possible de transporter un certain type de marchandise, soit de gros électroménagers, du bétail ou encore des pièces d’équipements plus lourdes ou de grandes dimensions.
Il y une quinzaine d’années, une entente avait été prises pour qu’un navire d’hiver soit alloué. Celui-ci permettait le transport des ordures de L’Isle-aux-Grues au dépôt de Trois-Rivières. La Société des traversiers du Québec et le ministère de l’environnement avaient conclu une entente avec la municipalité insulaire afin de permettre, en plus du transport des déchets, de faire également la traversée de gens, de bétails et de permettre un échange commercial avec Montmagny et les environs. Selon M. Poulin, ce voyage a permis de décloisonner les habitants de l’île mais a également donné la possibilité aux entreprises de continuer à commercer pendant l’hiver et à faire entrer ce qu’il manquait. En plus de permettre le commerce, le navire d’hiver offrait un pouvoir d’attraction afin d’aider L’Isle-aux-Grues à renouveler sa population.
Cette traversée hivernale n’a pas été réalisée depuis maintenant 3 ans. Frédéric Poulin mentionne que «Beaucoup de gens commence à être vraiment découragé et peu de gens ont l’espoir que ça revienne. La confiance envers la STQ n’est pas là du tout car à chaque année on se fait dire que c’est pour cette année mais que l’an prochain ça va être correct. Finalement, d’année en année, ce n’est pas le cas et je pense que ça commence à jouer sur le moral des troupes».
Dans le texte du Journal de Québec, le porte-parole de la STQ, M. Bruno Verreault, rappelle que le service du NM Félix-Antoine-Savard «n’est pas une offre de service garantie par la STQ, mais un service offert gracieusement». M. Poulin ajoute que «souvent, la STQ a l’impression qu’elle nous donne un privilège en nous fournissant un navire et en nous allongeant la saison, alors que pour nous c’est un artère commercial important. C’est ce qui nous permet de nous développer et ce qui permet de maintenir notre économie. On est probablement la seule île avec un service de traversier temporaire à avoir une économie à l’année. Et on fait avec. Mais la Société des traversiers a une responsabilité et a un rôle à jouer là-dedans, c’est à dire de fournir un maximum de services de traversiers pour le bénéfice des insulaires. Pour l’instant, on questionne fortement les intentions de la STQ de vouloir allonger la saison et de faire des efforts supplémentaires pour nous permettre un développement commercial qui tient la route et qui fait en sorte qu’on fasse notre part économiquement».
Le maire de L’Isle-aux-Grues se dit inquiet de la détérioration du service offert par la STQ qui fait une surprotection des appareils. Il a l’impression que les insulaires ne font plus partie d’une planification annuelle. Frédéric Poulin interpelle la MRC et le député pour que L’Isle-aux-Grues soit mise à l’horaire de la STQ pour une journée durant l’hiver afin de sortir ses déchets, être capable de se réapprovisionner et de faire les échanges commerciaux qu’ils ne peuvent faire par avion.