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Harcèlement au travail: Angelo Soares dénonce notre modèle économique

Réagissant vivement aux propos d'un autre conférencier qui disait «Le harcèlement, c'est ni blanc ni noir, c'est gris», M. Angelo Soares, sociologue et chercheur, soutient le contraire: «Le harcèlement moral au travail, c'est blanc ou noir. Nous disposons de mesures pour pouvoir affirmer de façon certaine s'il y a ou non harcèlement» nous a-t-il confié quand nous l'avons rencontré à l'occasion du colloque sur le harcèlement moral au travail qui avait lieu à Saint-Jean-Port-Joli et Rivière-du-Loup.

Professeur à l'École des sciences de la gestion à l'Université du Québec à Montréal, M. Soares porte un jugement sévère sur notre modèle économique qui, par ses dimensions organisationnelles, favorise le harcèlement: «On assiste depuis 30 ans à une régression des conditions de travail à cause entre autres d'une recherche du profit à court terme. Cette régression contient tous les ingrédients nécessaires à l'éclosion du harcèlement».

M. Soares ne pense pas grand bien de la méthode «lean», une transposition du modèle japonais en Occident: «Faire plus avec moins. Une méthode qui fait du ravage» lance-t-il. Le chercheur n'a pas de bons mots non plus pour la CSST: «Le maillon faible du système en matière de harcèlement moral au travail. Leur objectif est de refuser de tels cas». Selon M. Soares, les statistiques sous-estiment énormément le problème, car les plaintes déposées aux Normes du travail ne représentent qu'une petite pointe de l'iceberg.

M. Soares insiste sur le fait qu'il ne faut pas prendre à la légère le harcèlement moral au travail: «Il peut conduire à des idées suicidaires. Plusieurs victimes se sont suicidées le jour précédant leur retour au travail dans les mêmes conditions».

De l'espoir? «Oui, mais il faut rompre avec le modèle actuel et gérer autrement. Une entreprise comme DLGB à Boucherville l'a compris. Il faut arrêter de penser que les travailleurs sont des lâches; il faut les impliquer, car c'est eux qui connaissent le travail à faire» de conclure M. Soares.
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