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Hugo Latulippe croit que les électeurs du comté n'étaient pas assez instruits pour voter pour lui

L'ex-candidat néo-démocrate de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, Hugo Latulippe fait présentement les manchettes nationales concernant son analyse des résultats  de la dernière élection dans la circonscription où ce dernier n'a récolté que 7 % des voix.

En effet, dans un texte publié le 3 novembre dernier dans La Presse intitulé « Ta génération sera implacable » en réponse à une lettre d'appui d'une dénommée Simone de 21 ans, monsieur Latulippe laisse clairement entendre que les électeurs du comté fédéral n'étaient pas assez éduqués pour voter pour lui.

Voici quelques extraits de son texte :

« Seulement 3397 citoyennes et citoyens de notre circonscription ont voté pour moi, soit un peu moins de 7 % des suffrages. Le conservateur a obtenu 42 %. Le résultat est donc sans équivoque. Nos concitoyens ont opté pour le véhicule politique d'une industrie qui est largement responsable des niveaux d'émission de GES catastrophiques du Canada en 2019. Cette finale me laisse stupéfait. Les conservateurs comptent aussi dans leurs rangs 50 députés « anti-choix », c'est-à-dire qu'ils ne reconnaissent pas aux personnes de ton sexe le droit de choisir en cas de grossesse non désirée. Je ne conçois pas que des Québécois contemporains puissent voter pour ce parti. Je ne m'y résous pas. Comment ne pas y voir un problème général d'éducation? ».

Hugo Latulippe fait ensuite une corrélation entre la scolarisation et le choix politique de ceux-ci.

« À l'échelle de l'Occident, l'adhésion des gens moins scolarisés à des véhicules politiques conservateurs qui promettent perpétuellement de réduire les impôts – et donc forcément de réduire les services et leur universalité – est un mystère pour beaucoup de politologues ».

Il s'attaque ensuite au Bloc Québécois.

« Nos concitoyens ont aussi voté à 32 % pour le Bloc. Or, moi qui pense encore que la souveraineté est l'issue normale de l'histoire du Québec, je serais bien embêté de dire ce que le Bloc d'aujourd'hui charrie comme idée pour nous inspirer un pays… si ce n'est la banlieue d'un projet. Leur chef a fait campagne sur des lignes nationalistes calquées sur un parti provincial qui sont – à mon avis – en rupture avec l'histoire progressiste du mouvement souverainiste. Yves-François Blanchet dit « nous » comme un Canadien français de l'époque de tes grands-parents. En l'écoutant, je ne sais pas trop ce qu'on a gagné depuis Camil Samson et les années 60. C'est très flou. Plus inquiétant, le Bloc semble attirer des xénophobes dans ses rangs. Il tolère désormais des candidats qui ont tenu des propos racistes par le passé. « Le Québec, c'est nous », chante Éric Lapointe. Je ne pense pas, non. Alors que 20 % des Québécois contemporains ont des origines diverses, le Bloc n'a fait élire aucun candidat issu de la diversité. Sur 32? Aucun! Pour refléter la société québécoise, il devrait y en avoir au moins six. En entretenant ce discours du « nous » au fil des ans, à coup de charte des valeurs et de chroniqueurs pyromanes, je pense que nous jouons avec le feu. Je ne veux en tout cas pas être compté dans ce nous-là, moi. Je l'ai dit souvent durant la campagne, tu l'auras remarqué. Cela me vaut de plus en plus de messages inquiétants, voire agressifs, sur les médias sociaux. Tous sont le fait d'hommes blancs d'âge moyen et d'allégeance PQ-Bloc ».

Il croit par ailleurs qu'un homme comme lui ne pourra jamais se faire élire dans un comté comme celui-ci.

« Un journal local a écrit que la campagne que nous avons menée, entièrement consacrée à la transition écologique de notre économie, était « déconnectée de la réalité des citoyens de la région ». Je me demande bien comment cette question centrale à l'avenir du monde pourrait être plus déconnectée des gens d'ici… que des gens de Montréal, du Kerala ou de Berlin ? Cette interprétation pourrait laisser la désagréable impression que notre Basduf ne sera pas la pointe avancée d'un mouvement de changement. Et qu'un gars comme moi, qui ai choisi de me réinstaller en région après avoir vécu dans les grandes villes, ne pourra jamais être élu dans un comté comme le nôtre ».

Il s'adresse ensuite à Simone en faisant un retour peu subtil sur l'éducation des citoyens du comté.

« Que nenni! Nous reviendrons, Simone. Je pense que ta génération sera implacable sur la question écologique. C'est vous qui me donnez confiance. C'est à vous que j'ai envie de me solidariser. Cette campagne a fait de nous tous des guerriers. Je choisis ce pays tous les jours de la vie. J'espère que tu resteras aussi. Nous aurons besoin de jeunes gens instruits. Nous aurons besoin de jeunes femmes comme toi pour nous édifier et nous apprendre à vivre », avant d'ajouter, « j'ai été spontanément entouré de femmes durant cette campagne et cela m'a profondément inspiré. Je pense bel et bien que vous êtes mieux placées pour enfanter une pensée adulte et bienveillante à l'heure des changements climatiques. Il faut sortir de la masculinité.

Dans une autre déclaration qui frôle encore la prétention, il croit être l'instigateur d'un mouvement écologiste de gauche dans le comté, et ce, sans égard au travail passé de l'ex-député néo-démocrate de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, François Lapointe qui lui, avait récolté près de 24 % lors de sa défaite en 2015, et non un maigre 7 % comme moissonné par ce dernier…

«Ensemble, nous avons réussi à faire lever tout un réseau de progressistes et d'écologistes aux quatre coins du petit pays de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, dont beaucoup de jeunes citoyennes comme toi avec un sens politique très affuté. Cette société souterraine va vivre. J'aimerais bien, la prochaine fois, me battre pour l'élection d'une jeune femme ici ».

Par ailleurs, les déclarations d'Hugo Latulippe ont fait bondir François Lapointe qui est sorti de sa réserve, lui qui s'était promis de ne pas intervenir lors du dernier rendez-vous électoral fédéral.

Pour celui-ci, Hugo Latulippe fait totalement preuve de suffisance.

« C'est un plan pour caler le vote NPD pour deux décennies dans la région? Pas une once d'autocritique, juste une vague affirmation de modestie qui ne passe vraiment pas. Et un ton d'une suffisance intenable. Je me suis engagé à ne pas prendre parti publiquement lors de la dernière élection, c'est ce que j'ai fait, mais de voir comment des gens comme Boulerice et Latulippe réagissent à ces résultats qui ont fini de défaire l'héritage de Layton au Québec, ça me déplaît énormément », a déclaré avec stupéfaction le seul élu néo-démocrate de l'histoire du comté, visiblement irrité par les propos de Latulippe.

Il faut préciser ici qu'Hugo Latulippe n'a pas tenu bon de rencontrer François Lapointe avant de se présenter dans la circonscription, ne l'ayant croisé que deux ou trois fois par hasard lors de certains évènements.

Questionné d'ailleurs pendant la campagne sur les raisons qui l'avait poussé à ne pas prendre le pouls de l'ex-député de sa formation politique, Hugo Latulippe avait argumenté qu'après tout, cela faisait déjà huit ans que ce dernier avait été élu…

Latulippe vilipendé sur les réseaux sociaux

Il n'y a pas que François Lapointe qui a mal réagi aux propos d'Hugo Latulippe, puisque, outre les nombreux messages sur Facebook d'électeurs du comté étant totalement en désaccord avec cet homme prétendant être un écologiste de gauche féministe, le militant environnementaliste nationaliste québécois, Roméo Bouchard qui demeure à Saint-Germain-de-Kamouraska a tenu a répondre sur sa page Facebook aux déclarations de Latulippe...

«  Les électeurs qui ont voté pour Bernard Généreux l'ont fait moins pour favoriser le pétrole, les pro-vie et les intérêts privés, que parce que celui-ci est un des leurs dont ils ont apprécié la proximité et le dévouement comme député. Les électeurs qui ont voté pour le Bloc ne l'ont pas fait par racisme, crispation identitaire ou tiédeur écologique mais pour protester contre le mépris de tous les partis canadiens à l'égard du Québec comme nation distincte. Et les 7 % qui ont voté pour toi sont à peu près les mêmes que ceux qui ont voté Québec solidaire aux dernières élections provinciales (10 %) –  pour la plupart, des jeunes étudiants et néo-ruraux écolos, souvent plus soucieux de transporter en campagne leurs bibittes du Plateau que de s'intégrer aux populations régionales. Quant aux femmes qui semblent t'avoir préféré, se pourrait-il que ce soit aussi parce qu'elles te trouvent beau et séduisant ? », a expliqué M. Bouchard.

Rappelons également que pendant la dernière campagne électorale, Hugo Latulippe avait déclaré que tout indiquait que le comté allait se jouer entre lui et Bernard Généreux, pour ensuite demander aux électeurs libéraux de voter pour sa personne afin de barrer la route aux conservateurs, alors que son parti ne récoltait que 8 % dans les intentions de vote dans la circonscription...

Un rappel des résultats :

Bernard Généreux 42 %
Louis Gagnon 32,2 %
Aladin Legault d'Auteuil 16,3 %
Hugo Latulippe 6,8 %

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