Dans la nuit du 16 au 17 février 2015, de 22h à 3h, Serge Godbout se trouvait sur la table d'opération de l'Hôpital Notre-Dame à Montréal pour recevoir les poumons d'un donneur inconnu. Il était temps, car il ne respirait plus que par un seul... à seulement 8% de sa capacité: «J'ai reçu le plus beau des cadeaux: un don de vie!» affirme celui qui, 10 mois après sa greffe, se porte bien.
«La vie est la plus belle chose que mes parents m'ont donnée. J'ai failli la perdre, mais j'ai eu une deuxième chance. Aujourd'hui, je vis au jour le jour, mais soyez assuré que j'en profite pleinement» de dire le principal intéressé quand nous l'avons rencontré à don domicile.
Né en 1957 à L'Islet où il réside toujours. M. Godbout a grandi et vécu dans la région. Il venait de passer la cinquantaine quand il s'est mis à tousser: «Une grosse toux, désagréable pour moi et les autres». Le diagnostic tombe finalement: fibrose pulmonaire idiopathique, une maladie dont on ignore la cause. Le 11 mars 2011, la médecine le déclare invalide; il doit abandonner son emploi chez Rousseau à Saint-Jean-Port-Joli où il travaillait depuis quinze ans.
Le Dr André Cantin, un spécialiste de Sherbrooke, lui donne alors trois ans à vivre: «Il savait exactement ce qu'il disait» se rappelle M. Godbout.
Ce dernier entame le processus pour s'inscrire sur la liste d'attente. Première obligation: réduire son poids de 187 à 170 livres: «Je suis descendu à 125 livres; à la fin, tu n'as tellement plus d'énergie que tu ne manges presque pas. J'ai jamais trouvé ça aussi facile de maigrir» dit-il en riant.
Le 16 novembre 2014, on lui annonce qu'il occupe le huitième rang sur la liste. Comme il demeure loin de Montréal, il quitte L'Islet pour s'installer à la Maison des greffés Lyna Cyr: «Ma deuxième famille» lance-t-il.
À cette époque, tout est devenu difficile. L'un de ses poumons est séché et l'autre ne respire qu'à 8%: «Prendre ta douche, assis sur un banc, devient ta seule activité de la journée. On t'avertit de ne faire qu'une seule chose à la fois. Par exemple, ne pas manger tout en parlant avec un voisin de table, car les deux activités, faites en même temps, exigent trop d'oxygène. Tout devient pénible» explique-t-il.
«Quand tu es rendu dans l'état où j'étais, tu ne crains plus rien. S'il n'y avait pas eu d'opération, je ne serais plus là. J'étais prêt: ça passait ou ça cassait. Si je me suis battu jusqu'à la fin, c'est pour mes deux enfants, Jessika (13 ans) et Michaël (12 ans). Aujourd'hui, mon vu le plus cher est de les rendre à leur majorité» ajoute M. Godbout.
Quelques semaines après l'opération, il a subi un rejet de classe 1, mais un simple ajustement de sa médication a permis de maîtriser la situation. Dix mois après sa greffe, il profite de sa deuxième chance. Comme il doit éviter les bactéries, l'un de ses rares regrets est de ne pouvoir manger son steak saignant: «Mais je peux très bien m'en passer» s'esclaffe-t-il.
M. Godbout a tenu à remercier tous les intervenants qui, de près ou de loin, l'ont accompagné tout au long de sa maladie: parents, amis et professionnels de la santé, dont le Dr Pasquale Ferraro qui a effectué la transplantation: «L'homme aux mains d'or» conclut-il.
Photo : Serge Godbout profite pleinement de sa deuxième vie.