De retour pour une 17e année, l?exposition de crèches de Saint-Jean-Port-Joli innove en rendant hommage à un sculpteur de la place qui a consacré une partie de sa carrière à l?art religieux. Le premier en lice, et non le moindre: Jacques Bourgault.
Fils du sculpteur Médard Bourgault, Jacques voit le jour le 10 janvier 1940 à Saint-Jean-Port-Joli. En 1956, à l?âge de 16 ans, il abandonne l?école et entre dans l?atelier de son père ou son frère Claude l?initie à la sculpture.
Après le décès de son père en 1967, Jacques prend charge de l?atelier et adopte de façon définitive le métier de sculpteur. Il constate alors que le seul fait d?être le fils du célèbre Médard ne suffit pas à remplir le carnet de commandes; il devait faire ses preuves?, ce qu?il a fait avec brio depuis 56 ans!
Pendant une cinquantaine d?années, l?art religieux a occupé une forte partie de sa production, laquelle s?avère impressionnante: mentionnons entre autres les 268 statues de 24 à 84 pouces et les 330 de 12 à 23 pouces, les 263 corpus du Christ traditionnel et les 347 corpus ressuscités de 12 à 120 pouces, les 77 nativités de 3 à 10 personnages et les 17 chemins de croix de 14 à 30 pouces.
À l?église de Saint-Jean-Port-Joli, on peut admirer quatre de ses ?uvres, soit la Vierge enceinte, Marie dans la crèche, l?ange qui remercie et une statue de Saint-Joseph.
Ses ?uvres se retrouvent aujourd?hui dans plusieurs églises du Canada, des États-Unis, dans quelques missions africaines et chez plusieurs collectionneurs privés.
Les nus
S?il a voué une bonne partie de sa carrière au religieux, Jacques Bourgault a aussi réalisé plusieurs ?uvres à saveur paysanne et contemporaine, dont une grand quantité de nus. Le nu laissait libre cours à sa créativité.
«Pour moi, le bois est une source de chaleur et d?inspiration, redonner au bois une autre vie, une dimension. Je vois des formes, les sujets se transforment sous la gouge, dirigée selon mon inspiration. C?est dans le corps humain que je trouve le plus de plaisir, le plus de satisfaction; ces corps enlacés, ces corps en mouvement. C?est dans la sculpture que je trouve l?évasion, ce grand envoûtement de liberté à m?exprimer» d?expliquer l?artiste.
«Je réalise mes ?uvres avec mes gouges et mes mains, avec la profondeur de tout mon être, tel que mon père Médard me l?a enseigné» avait-il écrit en 2007 lorsqu?il avait quitté l?atelier paternel où il sculptait depuis 50 ans pour travailler désormais dans le sous-sol de sa résidence.
Aujourd?hui, à l?âge de 72 ans, l?artiste a réduit sensiblement sa production, d?autant plus qu?il doit composer avec la maladie de Parkinson.
L?exposition
Se déroulant sous le thème «La crèche? sous le regard des maîtres d?art», l?exposition présente plusieurs crèches à compter du 15 juin à la sacristie de l?église de Saint-Jean-Port-Joli.
Des guides bénévoles y accueilleront le public à tous les jours entre 9h et 17h. Le prix d?entrée s?élève à 4$ par adulte et à 3$ par étudiant ou groupe (autobus). Les profits iront à la Fabrique locale.
80e
La décision de rendre hommage à Jacques Bourgault coïncide avec le 80e anniversaire de la sculpture à Saint-Jean-Port-Joli. En effet, c?est en 1932 que les trois frères Bourgault, Médard, André et Jean-Julien, unissaient leur talent et décidaient de travailler dans le même atelier. Ce fut le début d?une belle et longue histoire qui allait faire la renommée de Saint-Jean-Port-Joli.
Photo:Jacques Bourgault et sa conjointe Rachel dans l?atelier aménagé au sous-sol de leur résidence. Le coffre à l?avant-plan appartenait à son père Médard Bourgault.