Le 7 avril dernier, le gouvernement du Québec a annoncé une subvention de 3 millions $ à l’entreprise Frito-Lay, filiale du géant PepsiCo, à Lévis.
Cet investissement permettra, à cette importante entreprise de Chaudière-Appalaches, d’installer une nouvelle unité de production et la construction d’un entrepôt de haute technologie pour sa production de croustilles de maïs.
Cette annonce est sans aucun doute une excellente nouvelle à bien des égards selon la CCIM. Cette dernière croit que toutes entreprises qui manifestent de la vision méritent une attention à leurs besoins.
Cela dit, cette annonce a soulevé une certaine déception auprès des membres œuvrant dans le secteur agroalimentaire et la CCIM tient à être leur porte-voix puisque leur discours est très important.
« Certains agriculteurs nous ont mentionné qu’il est très difficile, voire pénible, pour eux de faire entendre leurs besoins à égalité avec les grands joueurs de l’industrie. Malgré leur taille, souvent à échelle humaine, ils ont besoin de support afin d’assurer leur développement, accroitre leur productivité, assurer leur pérennité et faire rêver la région d’une autonomie alimentaire. La Chambre tient à ce que ceux-ci se sentent soutenus autant que n’importe quelle entreprise de notre MRC. Ils vivent actuellement les mêmes réalités que les autres entreprises soient la pénurie de main-d’œuvre, les difficultés d’approvisionnements, etc. Bien que notre économie repose en partie sur leurs activités et bien qu’essentiels à notre vie, ils semblent souvent oubliés du milieu entrepreneurial et gouvernemental », a expliqué Alexandra Lemieux, présidente de la CCIM.
M. André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et ministre responsable de notre région, à déclarer en mars dernier que son gouvernement reconnait le rôle de l’agriculture urbaine et de proximité ainsi que les nombreux bénéfices pour l’économie locale et l’autonomie alimentaire.
« Ces paroles sont bien accueillies par nos membres. Mais, il est clair qu’avec l’annonce de cette subvention, le gouvernement doit clarifier le concept d’autonomie alimentaire. On veut augmenter la part de produits québécois sur nos tables, mais quels seront les produits privilégiés ? L’investissement dans une entreprise de notre région ne peut qu’être salué. Mais, nous souhaitons vivement que les intrants qui serviront à faire la transformation de ce produit soient pris chez nos producteurs et que ceux-ci bénéficient, par ricochet, des avantages de cette subvention », a poursuit Mathieu Audet, administrateur de la CCIM.
Rappelons que PepsiCo a généré des profits de 7,6 G$ US sur des revenus de 79,5 G$ US.
« Là où le bât blesse chez nos producteurs, c’est que cet investissement de 3 M$ représente près de 2 % de l’enveloppe budgétaire totale de 157 M$. Le gouvernement subventionne un projet qui aurait sûrement vu le jour de toute façon d’autant plus que c’est un secteur à très peu de risques. Quand on parle d’autonomie alimentaire, on pense d’abord au développement de fermes de proximité et non pas à de grosses multinationales. D’autres secteurs de l’industrie en auraient davantage besoin comme celui de l’abattage de boivin au Québec. Actuellement, l’abattage se fait principalement en Ontario et en Pennsylvanie et la marchandise est retournée au Québec sans savoir vraiment d’où elle provient. Ce qui, de toute évidence, va à l’encontre du concept d’autonomie alimentaire. Par ailleurs, les petites entreprises rencontrent des difficultés à mettre en place leurs demandes de subventions. Elles n’ont que rarement les ressources humaines et le temps nécessaire pour élaborer leur dossier, et ce sans considérer les restrictions des demandes de subvention », de commenter Jean-François Ritt, administrateur à la CCIM et porte-parole du Pôle d’excellence en agroalimentaire.
Actuellement, les entreprises en agroalimentaire de la région éprouvent, la plupart du temps, de la difficulté à joindre les deux bouts financièrement.
Il est évident, selon la CCIM qu’il y a une inégalité entre les grands joueurs de l’industrie et les entreprises de proximités.
Cette dernière réclame que toutes les entreprises puissent accéder équitablement aux aides financières.
« La Chambre de commerce et d’industrie de la MRC de Montmagny unit sa voix, avec véhémence, à tous les acteurs du secteur de l’agroalimentaire tel que l’Union des producteurs agricoles, qui représente avec succès ces entreprises, afin que le gouvernement reconnaisse cette industrie comme une activité économique à sa juste valeur. L’autonomie alimentaire sera possible le jour où tout le monde aura accès aux mêmes leviers financiers. Tout soutien à la filière agroalimentaire québécoise est une bonne chose pour notre économie, puisque cela permet d’enrichir notre terroir et de tendre vers un accroissement de l’alimentation de proximité », de conclure la présidente, Alexandra Lemieux.
Source: CCIM.