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LA CORRIVEAU INTRIGUE TOUJOURS

Corriveau
Sylviane Lord-L?OIE BLANCHE

Près de 130 personnes ont pris part au souper-bénéfice des Anciens Canadiens au restaurant la Boustifaille de Saint-Jean-Port-Joli, samedi soir dernier. Il s?agit d?un nombre record de participants à l?événement annuel organisé par le Musée de la mémoire vivante. La thématique de la Corriveau a sans doute piqué la curiosité.

Aujourd?hui encore, l?histoire de la Corriveau suscite beaucoup d?intérêt. Encore plus depuis que la cage, ayant servi à exposer le corps de cette jeune femme accusée de meurtre en 1763 à Saint-Vallier, ait été retrouvée dans un musée de Salem aux Etats-Unis. «Reste encore à procéder à l?authentification de cette trouvaille. Mais il y a de bonne chance que ce soit le cas», a répondu Nicole Guilbault, auteure d?«Il y a cent fois la Corriveau» et présidente d?honneur du Souper des Anciens Canadiens. Quoiqu?il en soit, la légende de cette meurtrière a été décomposée en multiples versions au fil du temps.

Une multitude de légendes

Selon Mme Guilbault, l?éventail des légendes de la Corriveau tient du fait qu?il s?agit d?un fait tragique, dont l?acteur principal est une femme criminelle. De plus, l?histoire se déroule durant une période charnière de la Nouvelle-France. La conquête de la colonie française aux mains des Britanniques, à la suite de la bataille des Plaines d?Abraham en 1759, a plongé la population dans un climat de peur et d?incertitude. Finalement, «selon la coutume anglaise, on suspendait le corps des condamnés à mort pour en faire des exemples. La Corriveau a été, selon les anales, la seule femme pendue et exposée, et ce, à 3 endroits différents», a expliqué Mme Guilbault. «Son corps a notamment été montré à la Pointe Lévy, un lieu de transit où tous les habitants de la rive Sud devaient passer pour mener leurs marchandises au marché de Québec. Et c?est ainsi que la rumeur s?est répandue.»

Mme Guilbault s?est intéressée à la légende de la Corriveau, puisque «c?est un personnage d?exception dans la tradition orale. Son histoire a voyagé à travers le temps et s?est perpétuée grâce à la tradition orale. Si elle avait été jugée aujourd?hui, elle aurait sans doute été innocentée, puisque les preuves n?étaient que circonstancielles et qu?elle était victime de violence conjugale».

La légende de la Corriveau sur papier

«Philippe Aubert de Gaspé a été le premier à écrire la légende de la Corriveau», a spécifié Judith Douville, chargée de projet au Musée de la mémoire vivante. La version du dernier seigneur de Saint-Jean-Port-Joli n?est pas exagérée, comparativement à bien d?autres. Intégrée au roman des Anciens Canadiens, l?histoire met en vedette, aux côtés de la Corriveau, les feux follets de l?Île d?Orléans, des nains-sorciers.

«Le discours de Mme Guilbault est particulièrement intéressant, puisqu?il est lié au récit de de Gaspé», a expliqué Mme Douville. «C?est une conteuse extraordinaire qu?on a eu l?occasion d?accueillir en décembre dernier. Elle avait alors suscité un vif intérêt auprès de l?auditoire, et entre-temps, semble-t-il que la cage de la Corriveau a été retrouvée», a ajouté Mme Douville qui comptait parmi les participants des gens de St-Vallier et de Lévis.

Photo:Nicole Guilbault, spécialiste de la tradition orale, ethnologue, professeure et auteure d?«Il y a cent fois la Corriveau», accompagnée de Judith Douville, chargée de projet au Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli.

 

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