Dans un communiqué envoyé aux médias, le Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN) dénonce l’abus dans les demandes d’expertises médicales au niveau des dossiers de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
« Nous avons remarqué que de plus en plus de nos membres étaient convoqués pour une expertise médicale dans une clinique en dehors de la région », dénonce Ann Gingras, présidente du conseil central, avant d’ajouter que « si on voulait écœurer le monde, on ne s’y prendrait pas autrement ».
La goutte qui a fait déborder le vase selon la CSN est le cas d’un travailleur domicilié à Québec qui vient d’être convoqué à une expertise médicale en Outaouais par la CNESST.
« Ce travailleur est malade et doit se déplacer jusqu’à cinq heures de chez lui. Pourtant, ce ne sont pas les spécialistes qui manquent à Québec », s’est exclamée Ann Gingras.
Toujours selon la CSN, un employeur de Saint-Georges de Beauce a dernièrement trouvé plaisir à envoyer ses travailleurs accidentés au centre-ville de Montréal. Quatre ont dû ainsi se déplacer au cours des derniers mois.
Par ailleurs, un des travailleurs, dont le rendez-vous avait été fixé à 9 h le matin, est parti de chez lui à 4 h du matin pour y arriver.
Il est arrivé à 9 h 15 et le médecin a refusé de le rencontrer. L’employeur a par la suite demandé à la CNESST de cesser ses indemnités à la suite de son retard.
« Québec n’est quand même pas une petite région dépourvue de médecins. On joue à quoi, on cherche quoi comme objectif? », a rappelé la présidente du conseil central.
L’organisation syndicale soupçonne tant les employeurs que la CNESST de vouloir décourager davantage les travailleuses et les travailleurs de poursuivre à vouloir défendre leurs droits.
« En plus de causer du stress et des désagréments aux personnes, cette pratique engendre des frais importants pour les employeurs », dénonce Ann Gingras avant d’ajouter qu’ « en plus de l’expertise en tant que telle, il faut rembourser les frais de déplacement, l’hébergement, le salaire des accompagnateurs, etc. » Tout cela alors même qu’un professionnel de la santé, le médecin traitant, s’est déjà prononcé.
Pour la présidente du conseil central, cette pratique illustre les dérives de la CNESST.
« La gestion de la CNESST est maintenant calquée sur les pratiques du secteur de l’assurance privée et s’est placée manifestement à la solde des employeurs. Elle ne vise que la réduction des coûts liés à la réparation au lieu de se préoccuper de la personne vulnérable. Il y a une judiciarisation excessive et une surmédicalisation des dossiers de la CNESST qui occasionnent des conséquences néfastes pour les travailleuses et les travailleurs du Québec. Le ministre responsable doit impérativement ordonner un rappel à l’ordre », a dénoncé Ann Gingras.
Cette dernière croit qu’on devrait revenir aux premiers principes de la loi.
« Il est plus que temps de revenir au principe de base qui a présidé à la rédaction de la Loi sur la santé et la sécurité au travail. Dans les cas d’accidents de travail et de maladies professionnelles, la réparation est un droit inaliénable des travailleuses et des travailleurs », a conclu Ann Gingras.