S'inscrivant dans l'objectif du gouvernement du Québec d'atteindre le déficit zéro et de remettre les finances publiques en ordre en imposant des mesures de compressions des dépenses et par une série de réformes qui obligent à des réflexions sur les façons de faire du modèle québécois, le projet de loi 10 du ministre de la Santé, Gaétan Barrette prévoit la refonte du système de santé en abolissant les 18 agences de santé et le modèle des Centres de Santé et des Services sociaux (CSSS) présentement au nombre de 182, afin de mettre en place un nouveau modèle qui naîtra de la fusion des CSSS; les Conseils intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) qui ne seront plus que 28, dont minimalement un pour chacune des 16 régions du Québec, exception faite de Montréal qui disposera de 5 CISSS.
Le projet consiste en un virage radical au plan administratif. « Celui-ci prévoit l'abolition de 1 300 postes de cadres pour des économies d'au moins 220 millions de dollars par année pour l'État québécois. », selon le ministre Gaétan Barrette. Le projet de loi instaure aussi un nouveau modèle de gouvernance pour les établissements. Selon ce qui est prévu, le ministre décidera notamment de la composition du conseil d'administration de ces nouveaux établissements et la direction de ceux-ci sera confiée à des directeurs généraux également nommés par son ministère.
Ce projet de loi dont l'adoption pourrait être entérinée à la fin décembre afin que la nouvelle structure soit en place dès le printemps 2015 fait réagir des intervenants du Kamouraska.
Le conseil d'administration du CSSS de Kamouraska s'est réunis en conférence de presse mercredi dernier le 5 novembre avec des partenaires du milieu. Ainsi, c'est d'une même voix que le conseil d'administration du CSSS de Kamouraska, la MRC, Ville La Pocatière, la SADC et le CLD ont traduit leurs craintes face au projet de loi 10 et aux impacts négatifs que provoquera cette loi sur l'organisation des services de santé et de services sociaux et le maintien des installations actuelles (Hôpital, CLSC et centres d'hébergement) sur l'ensemble du territoire de la MRC de Kamouraska.
Tour à tour, les représentants réunis ont fait connaitre les impacts néfastes du projet de loi 10. « La création d'un unique et immense centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) disloque l'ensemble des 8 CSSS qui seraient fusionnés sous une même administration à Rimouski pour desservir tout le Bas-Saint-Laurent, aurait comme conséquence d'éloigner le centre des décisions des réalités territoriales spécifiques à la MRC de Kamouraska », de souligne le président du conseil d'administration du CSSSK, M. Jean Desjardins.
Le directeur des services professionnels du CSSSK, Dr Gaétan Lévesque a renchérir dans la même veine : « Avec la disparition des conseils d'administration dont les sièges sont occupés bénévolement par des intervenants issus du milieu et avec l'avènement un conseil d'administration global couvrant un territoire immense où les particularités régionales sont distinctes, je craint que les décisions, quant aux orientations stratégiques concernant l'organisation des services de santé et des services sociaux pour le territoire du Kamouraska ne soit pas représentatives et optimales pour les besoins identifiés. Ce projet de loi n'a rien de démocratique. », de conclure le médecin engagé dans la communauté depuis plus de 30 ans.
La perte de contrôle sur l'affectation des budgets et sur les décisions pourrait se traduire par des diminutions de services dans de nombreux départements actuellement offerts : chirurgie, urgence, soins intensifs, obstétriques, unité multiclientèle (hospitalisation), soins palliatifs et aussi pour les soins de spécialités : gynécologie, orthopédie, ophtalmologie, médecine interne, ORL, nutritionniste, ergothérapie, physiothérapie, bref, tout ce qui compose le panier de service des soins de proximités. Les problématiques observées sont inter relié les unes aux autres. Inévitablement, la qualité des soins pourrait être compromise et s'il y a diminution de services, un problème d'attractivité et de rétention des médecins et de spécialistes pourrait aussi survenir.
Le maire de La Pocatière, M. Sylvain Hudon étendait la réflexion en soutenant que la disponibilité de soins de santé offerts dans un large éventail soutenait la vitalité économique de la région : « La volonté de demeurer ou de s'installer en région est étroitement liée à la présence d'un hôpital. Si on veut attirer de jeunes familles, encore faut-il que les femmes puissent y accoucher. »
Une résolution commune a été envoyée au ministre Barrette afin d'exprimer ces inquiétudes et pour demander de tenir compte des observations et recommandations émises. Le souhait de mettre sur pied une commission itinérante permettant de reconnaître les particularités de chaque région a aussi été soulevé.
Un appel à la mobilisation a été lancé.
« Le ministre de la Santé et de Services sociaux doit reconnaître les particularités de notre territoire et préserver l'ensemble des services de santé et de services sociaux actuels tant à l'hôpital, en CLSC que dans nos centres d'hébergement et maintenir les activités visant la prévention et la promotion de la santé auprès de la population du Kamouraska » ont souligné le président du conseil d'administration du CSSSK, M. Jean Desjardins, le préfet élu au suffrage universel de la MRC de Kamouraska, M. Yvon Soucy, le maire de Ville La Pocatière, M. Sylvain Hudon