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La réserve financière des centres de la petite enfance (CPE) se fait amputer

La compression budgétaire qui a lieu actuellement au ministère de la Famille devrait normalement affecter la réserve financière des corporations qui possèdent des CPE.

Indéniablement, une partie des sommes qui étaient bien conservées dans un compte de banque en cas d'imprévus passe à la trappe.

Dans un document intitulé Règles budgétaires pour l'exercice financier 2014-2015, on peut lire que la subvention de fonctionnement des CPE « est réduite d'un montant progressif et proportionnel à l'écart entre la somme des actifs [...] et le moindre des deux montant suivant: 15 % des produits au 31 mars 2014 [...] et 180 000 $ ».

Joint par téléphone, M. Daniel Lépine, directeur général du regroupement des centres de la petite enfance des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches, croit que« cette nouvelle politique de financement aura pour effet de précariser la situation des CPE ».

En effet, une partie de leurs actifs qui était mise de côté va désormais devoir servir aux dépenses courantes.

Cependant, les corporations qui exploitent des CPE ne seront pas nécessairement déficitaires. M. Lépine déplore vivement les conséquences que de telles directives budgétaires peuvent occasionner. « Que va-t-il se passer lorsqu'un CPE n'aura pas les fonds suffisants pour effectuer des travaux de réfection », s'interroge-t-il. « L'entreprise va devoir aller cogner à la porte du ministère », d'ajouter M. Lépine, tout en déplorant le fait que « des délais d'attente trop importants avant de recevoir les sommes pourraient compromettre davantage les installations ».

De plus, ce nouveau mode de financement s'avère catastrophique pour les CPE qui ne possèdent pas d'actifs nets non affectés.

Ce qui veut simplement dire qu'ils n'ont pas de « bas de laine » dans lequel piger. « Qu'est ce que vont faire les CPE qui n'engendre pas de surplus » s'est demandé M. Lépine en précisant que « le recourt à la marge de crédit pour administrer une entreprise n'est pas viable à long terme ».

Les CPE un modèle social bénéfique

Selon une étude s'intitulant L'impact des services de garde à contribution réduite du Québec sur le taux d'activité féminin, le revenu intérieur et les budgets gouvernementaux et coproduite par Luc Godbout (Université de Sherbrooke), Pierre Fortin (UQAM) et Suzie St-Cerny (Université de Sherbrooke), les CPE seraient une institution politique bénéfique pour la société québécoise. « Nous estimons qu'en 2008 la disponibilité de services de garde à contribution réduite au Québec a incité près de 70 000 mères de plus à détenir un emploi qu'en l'absence d'un tel programme », de mentionner l'étude, tout en spécifiant que « sur cette base, nous calculons que le revenu intérieur brut (PIB) du Québec a été majoré de 5 G$ (cinq milliards de dollars). »

Divergence des points de vue

Dans un communiqué datant du 11 juin 2014 et disponible sur le site du secrétariat du Conseil du trésor, on y fait mention des objectifs de la Commission de révision permanente des programmes. À cet effet, on peut y lire que les travaux de la Commission doivent s'assurer « que les programmes répondent à un besoin prioritaire des citoyens, et qu'ils relèvent de la mission de l'État ». C'est bien ce qui préoccupe M. Lépine. « On se questionne, à savoir ce qu'est devenue la mission de l'État » a-t-il laissé savoir.

Julien Carrier
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