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LA TRUITE MOULAC DU LAC TROIS-SAUMONS

 

 

Truite-moulac
Sylviane Lord ? L?OIE BLANCHE

Depuis 2003, l?ensemencement d?une variété de truites hybrides, appelées moulacs, s?effectue tous les ans au lac Trois-Saumons. Le maintien de la qualité de la pêche sur l?un des plus beaux plans d?eau de Chaudières-Appalaches est ainsi assuré grâce à l?implication et la contribution des résidents.

Samedi, le 19 mai dernier, on procédait à l?ensemencement de 2500 moulacs à proximité du ruisseau de l?île. Julien Moreau est en charge des opérations depuis les tous débuts. «Si on veut valoriser la pêche ici, on doit faire des actions en ce sens», a commenté le résident aubertois.

Un choix éclairé qui a bien fonctionné

À la suite d?une étude menée en 2001-2002 par des biologistes de Charny, la moulac a été désignée comme étant le meilleur choix pour le lac Trois-Saumons. Cette espèce offre de belles possibilités de captures pour les pêcheurs sportifs, mais surtout, elle permet de contrôler la population de meuniers noirs (carpes) qui envahissait de plus en plus le plan d?eau. La moulac est un piscivore, c?est-à-dire qu?elle s?alimente de petits poissons. Créée à partir du croisement entre une truite mouchetée et une truite grise (touladi), ce poisson hybride a été développé particulièrement pour les grands plans d?eau, où l?ensemencement de truites mouchetées doit être intensif pour générer de bon rendement. On doit également tenir compte de paramètres physico-chimiques et bathymétriques afin de s?assurer de l?implantation de ce poisson, paramètres qui se rapprochent de ceux de la touladi, espèce présente au lac Trois-Saumons. «C?est un poisson qui a une bonne croissance. De mon côté, j?ai des retours sur de belles performances», a expliqué François Guillemette, propriétaire de la Pisciculture de la Jacques-Cartier à Cap-Santé.

Financement

Ce sont principalement des résidents du lac Trois-Saumons qui contribuent financièrement à l?ensemencement. Quelques activités de financement permettent également d?amasser des fonds, notamment la traversée du lac à la nage et un tournoi de golf annuel. L?opération du 19 mai a coûté 4600$. La Municipalité de St-Aubert contribue chaque année en octroyant 500$. «C?est année, on a été chanceux. On a réussi à obtenir 1000$ du député Norbert Morin», a dévoilé M. Moreau, qui ne cache pas pour dire que ce n?est pas facile d?obtenir des fonds, et pourtant «il y a eu un bon programme pour la MRC de Montmagny qui a reçu 11 000$. Il devrait avoir une meilleure participation des gouvernements à ce niveau. Ici, il y a des gens des deux MRC qui viennent pêcher.» Les amateurs de pêche peuvent capturer des truites mouchetées et moulacs, mais également des truites grises (touladi), espèce que l?on retrouve nulle part ailleurs dans la région.

Revitalisation des frayères et des berges

Des biologistes du Groupe Hémisphères de Beaumont sont en charge d?un projet de revitalisation des frayères situées dans les tributaires du lac. Des travaux devraient s?effectuer lorsque l?eau sera à son plus bas niveau durant la période estivale. Le projet a été mis en branle cette année. Pour sa part, la revitalisation des berges est en cours depuis 2009. Grâce à une subvention d?Environnement Canada, l?embauche d?une personne responsable d?entreprendre cette démarche a permis de procéder à la plantation d?arbustes et de plantes en bordure du lac. «Les gens ont beaucoup embarqué. On va essayer de continuer, même si on n?a pas de subventions cette année. On a appris comment faire les choses», a commenté Marie Nadeau, présidente du Club des résidents du lac Trois-Saumons (qui participe cette année à l?élaboration du plan directeur de l?eau avec l?Organisme des Bassins Versant de la Côte-du Sud), «d?autant plus cette action permet d?améliorer la qualité de l?eau». 

L?importance de la qualité de l?eau

Depuis la problématique de la propagation des algues bleues au Québec, la qualité de l?eau est surveillée de près. «Si on regarde les expertises qui ont été faites depuis vingt ans, elle ne se détériore pas ici au lac Trois-Saumons, mais ça demeure très fragile», a estimé Germain Robichaud, maire de St-Aubert. Depuis les démarches entreprises durant les années 80, les champs d?épuration au lac ont été conformés aux normes. La municipalité a pris en charge la vidange des fosses cette année et veille à s?assurer d?un suivi rapproché à ce niveau, «puisqu?il ne faut pas oublier que le lac Trois-Saumons est la source d?approvisionnement en eau potable pour St-Aubert et St-Jean-Port-Joli». Visionnez le reportage sur oieblanc.com.

Photo: Chaque détenteur de permis de pêche a le droit de capturer 15 truites mouchetées et 2 truites grises et/ou moulacs par jour. Peu savent que ces deux variétés sont cumulées ensemble dans le quota et qu?on ne peut conserver les spécimens entre 40 et 55 cm. «La plupart des infractions recensées sont dûes à une méconnaissance des règlements et des éléments de distinction entre les espèces de truite», a expliqué Marcel Fortin, agent de la protection de la faune depuis 34 ans.

Chaloupe
Photo: Le couvert de glace du lac Trois-Saumons a calé 8 jours avant l?ouverture de la pêche prévue le 27 avril, «du jamais vu, puisque d?habitude, il tombe entre le 15 et le 22 mai», a affirmé M. Fortin. «La surveillance des agents de la faune a été très importante cette année» en raison de ce phénomène hâtif, notamment par le biais de patrouilles en civile. 

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