Michel Lemieux - CHRONIQUEUR
La lune de miel est-elle déjà terminée chez le Canadien de Montréal? La semaine dernière c?était l?euphorie. Mais les choses changent rapidement dans ce merveilleux sport qu?est le hockey.
Après un départ canon, le Tricolore vient de prendre une méchante culbute en subissant trois revers en ligne, dont une vraie dégelée de 6-0 contre les méconnaissables Leafs de Toronto. On dit souvent qu?un séjour à l?étranger arrange parfois les choses. Sauf que le CH, qui part pour deux matchs en Floride, affrontera, ce soir mardi, le Lightning, l?équipe la plus productive de la ligue. Le troupe de Guy Boucher a déjà marqué 42 buts et n?a perdu qu?une seule fois en six parties à la maison. Les joueurs du Canadien devront commencer à jouer dès la première mise au jeu, contrairement à samedi soir. Sinon ils pourraient se faire ensevelir tôt. Jeudi le CH s?arrêtera à Sunrise pour affronter les Panthers, qui sont à nouveau en pleine misère. On verra qui entre les deux est l?équipe la plus vulnérable.
Le nouveau Therrien
Des décisions importantes ont été prises avant le début de la saison pour changer la culture chez le Tricolore. Le nouveau directeur gérant, Marc Bergevin, a fourni une indication sans équivoque dès son arrivée. Il a d?abord débarrassé son équipe du boulet que représentait Scott Gomez. Puis il a tenu tête à PK Subban dans la négociation de son contrat. Le message était on ne peut plus clair. La nouvelle direction du Canadien va se tenir debout. Elle a un plan et tout le monde devra embarquer. Le geste le plus important posé par Marc Bergevin aura été l?embauche de Michel Therrien comme entraîneur. Le nouveau Michel Therrien. Pas celui, qui avait déjà dirigé à Montréal. Non. Celui qui a mené les Penguins de Pittsburgh en finale de la Coupe Stanley, avant de laisser à Dan Bylsma cette formation prête à mériter les grands honneurs. C?est à Wilkie Barre, puis à Pittsburgh, que Therrien est devenu un vrai entraîneur. Il a contribué à former des jeunes, à exploiter leur talent, à gérer, à imposer ses plans et à réagir devant toutes les situations. C?est tout ce bagage qu?il apporte avec lui. Il est évident qu?il a insisté pour garder les jeunes Alex Galchenyuk et Brenden Gallagher à Montréal. Il est reconnu pour bien diriger les recrues. Puis il n?hésitera pas à ignorer un joueur quel qu?il soit, s?il ne lui donne pas satisfaction.Lars Eller a déjà eu son siège sur la galerie de presse tout comme Ryan White, et Erik Cole s?est retrouvé sur le banc samedi soir. Ceux qui ne prisent pas l?attitude trop souvent insupportable de PK Subban, même ses coéquipiers, n?ont pas à s?en s?inquiéter . Vous ne le verrez pas faire le fanfaron devant Michel Therrien. Mais on ne transforme pas en un mois une équipe aussi moribonde que l?était le Canadien. Il y a des évidences qui sautent aux yeux. Ce groupe ne fait pas le poids contre la robustesse. Marc Bergevin devra s?attarder à cet aspect s?il veut bâtir une équipe championne. Son offensive repose sur trop de petits joueurs. Les meilleures formations doivent compter sur des patineurs costauds capables de jouer au hockey. Les Prust, Moen, Armstrong, White ne feront pas gagner cette équipe. Ils manquent tous de talent et ils n?intimident aucune formation. Puis il devient inquiétant de voir la première ligne d?attaque à ce point muette. Desharnais, Cole et Pacioretty ne semblent pas aussi performants que l?an dernier. Desharnais a trois buts, Cole deux et Pacioretty, qui n?a joué que six matchs, en a aucun. Le Canadien ne peut sûrement pas se passer de ce trio. Andrei Markov reste un excellent joueur mais on réalise qu?il est moins mobile et a perdu de sa rapidité.
Conclusion : l?emballement est venu un peu rapidement. Le Canadien est en reconstruction. D?autres jeunes talents plus robustes devront venir se greffer à cette équipe avant de croire que le CH est parti pour la gloire.
Crédit photo: RDS