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Le canot à glace vogue vers... l'UNESCO

Reconnu en février 2014 comme patrimoine immatériel par le gouvernement du Québec, le canot à glace continue sa longue traversée vers une reconnaissance internationale de l'UNESCO à titre de patrimoine de l'humanité.

Évidemment, il y a loin de la coupe aux lèvres, mais la recherche continue, comme l'expliquaient les ethnologues Suzanne Marchand et Richard Lavoie lors d'une causerie qui avait lieu samedi dernier au Musée maritime du Québec à L'Islet.

Publié en 2012, le livre «Pratique du canot à glace - En route vers une reconnaissance internationale» de M. Lavoie a fortement contribué à la reconnaissance de cette pratique comme patrimoine immatériel par le gouvernement québécois.

La Société d'ethnologie du Québec, qui se trouve à l'origine de cette reconnaissance, a profité de l'intérêt du ministère de la Culture pour obtenir en 2014 une subvention de 40 000$ qui lui permet de documenter la pratique du canot à glace sur tout le Saint-Laurent, de Montréal aux Îles de la Madeleine. Photos à l'appui, Mme Marchand a démontré que le canot à glace se pratiquait à plusieurs endroits sur le fleuve. Elle doit remettre le rapport final de ses recherches au ministère de la culture le 31 mars prochain.

En attendant une éventuelle reconnaissance de l'UNESCO, les recherches de Mme Marchand serviront à bâtir une exposition sur la pratique du canot à glace qui sera présentée au Musée maritime à L'Islet dans les prochaines années.

Anecdotes

Présents à la causerie, MM. Roger Lachance et Jacques Roy, canotiers émérites, ont raconté plusieurs anecdotes.

Un hiver, M. Roy, accompagné de M. Raynald Fortin, aujourd'hui de Berthier-sur-Mer, effectue une traversée en canot entre L'Islet et l'île-aux-Oies. Rendu à l'île, la tempête se déchaîne. Mais les deux canotiers décident quand même de revenir à L'Islet. Quand ils sont arrivés, les gens s'étaient déjà rassemblés dans l'église afin de prier pour leur retour... ou leurs âmes!

Les frères Lachance ont gagné les cinq premières courses du Carnaval de Québec, de rappeler M. Lachance. C'est d'ailleurs cette compétition, lancée en 1955, qui a sauvé la pratique du canot à glace.

La veille de la course, l'une de ces cinq années, les Lachance se regroupent chez Ligory à Saint-Laurent de l'île d'Orléans. Le jour même de l'événement, une tempête de neige fait rage: impossible d'utiliser l'automobile et la remorque sur laquelle se trouve le canot.

Voulant à tout prix défendre leur titre, les Lachance déposent l'embarcation sur la neige et la remorquent, à bras d'homme, sur quelques kilomètres vers le pont de l'île dans l'espoir fou de trouver un véhicule qui pourrait les transporter au bassin Louise, lieu de départ de la course. À proximité du pont, le miracle se produit: une automobile est immobilisée par la neige. Les frères Lachance font alors une offre au conducteur: «Nous te dépannons et tu nous conduis au bassin Louise».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les Lachance attachent le canot au véhicule et l'un d'eux s'y installe pour utiliser une rame comme gouvernail! Tiré par l'automobile, glissant sur la neige, le canot arrive au bassin Louise 15 minutes avant le départ de la course. Course que les frères Lachance gagneront puisque leur canot sera le seul, cette année-là, à la compléter! Comme dirait l'autre, «ça prenait du ''guts''».

Veillée de danse

Parlant de patrimoine immatériel, le Québec vient de désigner à ce titre la veillée de danse: «La veillée de danse joue un rôle important dans notre identité culturelle. Par cette désignation, nous reconnaissons la force d'une tradition vivante qui a traversé le temps en conservant son authenticité; un héritage nous rappelant que petits et grands ont toujours aimé danser au rythme de la musique traditionnelle québécoise» a déclaré Mme Hélène David, ministre de la Culture et des Communications.

Vignette:MM. Roger Lachance et Jacques Roy, canotiers émérites, ont raconté plusieurs anecdotes.

 
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