Importé de Nouvelle-Zélande au Canada il y a environ 25 ans, le cerf rouge est principalement élevé pour sa venaison, c?est-à-dire pour sa chair. L?élevage de ce cervidé s?est développé surtout dans l?Est du pays. En 2001, on dénombrait un peu plus de 200 éleveurs dans les Maritimes, l?Ontario et le Québec. En 2003, à L?Islet-sur-Mer, Pier-Louis Chamberland a tenté l?expérience.
«C?est un passe-temps qui est devenu payant par la suite», a raconté le jeune homme passionné par la chasse. En raison de la complexité entourant l?élevage de cerfs de Virginie, son choix s?est dirigé vers le cerf rouge, considéré comme un animal exotique, ici au Canada. Et ce fut une agréable surprise pour l?éleveur islois, malgré des débuts difficiles.
Un élevage complexe et un marché difficile
L?élevage du cerf rouge n?est pas des plus commodes. «Juste pour les bâtiments de contention, c?est déjà plus compliqué, comparativement à un élevage de vaches», a expliqué Pier-Louis Chamberland. La manutention de la bête est également particulière. Vous n?avez qu?à songer aux bois des mâles. Lors de la période du rut, ils doivent être coupés afin d?éviter que les animaux ne se blessent.
Le marché est lui aussi capricieux. «Le produit était peu connu par les restaurateurs et les bouchers au départ. C?était difficile de trouver des débouchés. Et la concurrence est forte, même s?il y a une poignée d?éleveurs», a souligné Pier-Louis qui, au fil des ans, a fait sa place au sein du marché. En 2009, son troupeau comptait 80 têtes, faute de débouchés, et son projet était remis en question.
Élever des trophées
«J?ai alors décidé de développer un élevage d?animaux de grande qualité», a expliqué Pier-Louis Chamberland. Grâce à l?insémination artificielle en provenance d?un «starbuck» nouveau-zélandais, l?éleveur souhaite produire des bêtes exceptionnelles destinées à la chasse. «C?est une fierté d?élever un animal de ce genre. Ces mâles de grande qualité sont vendus à Jean-Louis L?Écuyer, propriétaire d?une pourvoirie à Sainte-Sabine. Les chasseurs, venus d?un peu partout, conservent surtout le panache. La viande, elle, est plutôt remise à des organismes venant en aide aux démunis.»
Cet élevage de L?Islet-sur-mer a bénéficié du support de la ferme familiale des Chamberland. «Mon père n?était pas chaud à l?idée de développer ce genre d?élevage. En fait, il n?aime pas la bête, car elle n?est pas facile», a mentionné Pier-Louis.
Une chair d?exception également
La viande du cerf rouge se distingue par un apport très élevé en protéines et son faible teneur en matières grasses. Les bêtes élevées à L?Islet-sur-Mer sont principalement vendues à Gibiers Canabec, une entreprise de St-Émile qui se spécialise dans la découpe et la distribution de tous les gibiers. Localement, Alimentation Daniel et Serge de Montmagny offre des produits cuisinés à partir de ce gibier. Il est également possible de réserver une bête à l?avance pour les particuliers, et d?obtenir quelques pièces en contactant Pier-Louis Chamberland ([email protected]).
Photo:Un «buck-trophée» élevé à L?Islet-sur-Mer de la cuvée 2010.
Photo:Passionné de chasse, Pier-Louis Chamberland a développé un élevage de cerf rouge à L?Islet-sur-Mer en 2003.