Diane Gendron-L'Oie blanche
Peu de jeunes du secondaire peuvent se vanter d'avoir cuisiner avec le grand chef Jean Soulard, encore moins en région. Pourtant, ce privilège a été mis à la portée d'une vingtaine d'élèves de l'école secondaire de Saint-Paul le 8 janvier dernier, grâce à l'initiative de la directrice de l'école, Nadia Nadeau.
«Ce qui m'a amené ici, c'est le gentil coup de fil de la directrice et le plaisir de rencontrer des jeunes», avoue d'emblée M. Soulard, visiblement étonné de la présence des journalistes. «Si ça peut produire un déclic pour certains, c'est ça qui est le «fun», de mentionner le réputé chef cuisinier.
Le groupe chanceux était composé des élèves de la Formation préparatoire au travail et ceux de la Formation aux métiers semi-spécialisés. Les jeunes ont écouté le récit captivant de la vie de globetrotter du grand chef cuisinier avant de concocter avec lui une soupe aux légumes, au parfum irrésistible, qu'ils ont par la suite mangée avec appétit.
Jean Soulard a échangé avec les jeunes en toute simplicité, racontant des histoires qui ont ponctué sa vie depuis sa naissance en Vendée, une région située sur la côte ouest de la France. «J'ai grandi dans un petit village d'environ 1500 âmes, entre mes deux grand-mères, dont l'une était propriétaire d'une minuscule auberge en face de l'église et l'autre d'une boulangerie. Sur les six enfants de la famille, quatre ont plongé dans la nourriture», poursuit l'ancien chef du Château Frontenac qui a troqué son tablier pour la plume (chronique au journal Le Soleil) et le micro (émission de radio dans une station de Québec).
Dans son parcours professionnel, M. Soulard a fait le tour du globe, travaillant d'abord en Europe, puis en Amérique et en Asie. Ses 20 dernières années, il les a passées à la tête de la cuisine du Château Frontenac. Sortant des sentiers battus, il s'est rendu populaire par ses initiatives, notamment l'implantation de ruches sur le toit de l'hôtel avec l'aide d'un apiculteur. Le miel produit s'est distingué par son niveau de qualité.
Son dada: les produits du terroir
Dès qu'on aborde la question des produits du terroir, Jean Soulard devient intarissable. «C'est mon dada», confesse celui qui, avec d'autres, a contribué à l'éclosion de la variété de produits sur les tables québécoises.
«Qu'on pense seulement aux fromages, il y a une vingtaine d'années on en trouvait peu. Aujourd'hui, on en compte des centaines», dit-il. Combien de produits sont apparus grâce à la complicité existant entre les artisans et les chefs cuisiniers. «À l'époque, quand je parlais de produits bio, j'avais l'impression d'être un extra-terrestre», poursuit le chef qui a l'impression que l'avenir des produits du terroir est inépuisable.
Et comme pour lui donner raison, ce même jour, l'un des jeunes élèves lui a appris que son père, producteur de Sainte-Euphémie, cultivait un petit fruit appelé catherinette. Le garçon a d'ailleurs apporté à Jean Soulard un pot de gelée fait à base de ce fruit qui ressemble à la framboise. D'autres élèves ont parlé de la culture de l'argousier, en expérimentation notamment à Sainte-Lucie-de-Beauregard.
D'ailleurs, pour le remercier de sa visite, l'école a offert au réputé chef un panier garni de différents produits du terroir de la région. Pour la directrice de l'école, Nadia Nadeau, et ses complices, les enseignantes Karina Bilodeau et Audrey Lavoie, si cette activité a contribué à semer l'intérêt chez certains ce sera mission accomplie en même temps qu'un pied de nez à l'exode des jeunes.