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Le départ massif des travailleurs étrangers menace l'économie de la Chaudière-Appalaches

Photo: Courtoisie

La Chaudière-Appalaches, l'une des régions les plus dynamiques du Québec, fait face à une crise économique qui pourrait avoir des répercussions importantes. 

Avec un taux de chômage record de 3 %, la région est confrontée à une menace sérieuse en raison des nouvelles politiques d’immigration mises en place en septembre 2024.

Un sondage mené par la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA) et Chaudière-Appalaches Économique, révèle que près de 60 % des entreprises locales devront réduire leur capacité de production, menaçant ainsi leur pérennité.

Les entreprises de la région sont particulièrement vulnérables à la perte d’expertises spécialisées et aux annulations ou reports de projets d’innovation. Parmi ces entreprises, plus de 57 % prévoient une réduction de leur production entre 10 % et 40 %, tandis que 15 % s'attendent à une diminution de 50 % à 100 %. Cette situation pourrait nuire à la compétitivité de la région face aux autres marchés, tant au niveau national qu'international.

Marc-Alexandre Brousseau, président de la TREMCA et maire de Thetford Mines, exprime sa préoccupation : « Des entreprises locales sont déjà contraintes de remercier des travailleurs étrangers qualifiés et francisés, recrutés à grands frais. Cela engendre des pertes financières et gaspille les efforts d’intégration. Ces restrictions menacent non seulement la survie des entreprises, mais aussi l’équilibre des communautés et le bien-être des citoyens. »

La région a pourtant connu une croissance remarquable de 12 % de son Produit intérieur brut (PIB) en 2022, surpassant largement la moyenne provinciale de 8,2 %, en grande partie grâce à l'augmentation du recrutement de travailleurs étrangers temporaires.

Cependant, ce processus est désormais compromis par les nouvelles politiques. D’ici 2026, 1 273 travailleurs étrangers temporaires devront être mis à pied, avec près d’un tiers d’entre eux accompagnés de leur famille, exacerbant ainsi la pression sur les services sociaux et les infrastructures locales.

Les répercussions sont déjà visibles alors que 23 % des entreprises risquent des pénalités pour un non-respect des contrats, pouvant atteindre des millions de dollars. De plus, près de 40 % des entreprises prévoient la perte de contrats majeurs. Certaines envisagent même de fermer des quarts de travail, ce qui entraînerait la perte de plus de 450 emplois québécois.

Face à cette crise, plusieurs entreprises, représentant 7 350 emplois, envisagent de transférer une partie de leur production hors de la province. De plus, neuf entreprises de la région projettent une délocalisation à court terme, ce qui affecterait plus de 700 employés.
 

Les élus locaux demandent une intervention urgente des gouvernements provincial et fédéral pour adapter les politiques d’immigration à la réalité spécifique de la Chaudière-Appalaches. Parmi les mesures proposées, l’exemption des travailleurs étrangers déjà établis au Québec, la réinstauration des quotas pour les travailleurs à bas salaire et des études d'impact sur le marché du travail tous les deux ans.

Les autorités de la région, soutenues par les MRC locales, restent déterminées à défendre leur avenir économique, en espérant que des solutions rapides seront mises en place pour éviter une crise encore plus profonde.

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