Le développement régional est menacé : les régions veulent se faire entendre et faire partie de la solution
Sept régions du Québec ont dernièrement formé la coalition Touche pas à mes régions afin de dénoncer, selon eux, l'absence de vision du gouvernement du Québec en matière de développement régional, ainsi que le mouvement de centralisation sans précédent qui a été amorcé.
De fait, la coalition interpelle le premier ministre du Québec, monsieur Philippe Couillard, pour lui demander d'être entendue en commission parlementaire lors des auditions touchant le projet de loi no 28 : Loi concernant principalement la mise en uvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016.
Les audiences auront lieu du 23 janvier au 11 février 2015 et aborderont notamment d'importants enjeux liés au développement régional.
« Le gouvernement du Québec prend des décisions précipitées, sans avoir analysé leurs impacts. La coalition estime que la centralisation à grande échelle et l'abolition de structures de concertation régionale auront des répercussions extrêmement néfastes sur le développement social et économique du Québec », souligne le maire de Senneterre, M. Jean-Maurice Matte.
Le maire de Gaspé, M. Daniel Côté, ajoute « qu'il est essentiel que le gouvernement du Québec sursoie à ses décisions et qu'il entame une réflexion en vue de définir le rôle et la place des régions dans le développement du Québec. Les mesures annoncées font en sorte de vider le coffre à outils des régions rurales en leur enlevant d'importants moyens financiers et une riche expertise, ce qui provoquera la stagnation, voire la régression de leur développement social et économique. Tous les citoyens du Québec en paieront le prix! »
Habitées par des gens dynamiques et passionnés, les régions contribuent de façon significative au développement économique du Québec.
Par exemple, la valeur des livraisons issues de la production minière des régions Côte-Nord, Abitibi-Témiscaminque et Nord-du-Québec représente des retombées économiques de 7,3 G$, soit 72 % des livraisons totales du Québec.
Quant à l'énergie, elle est produite à 78 % dans les régions du Nord-du-Québec et de la Côte-Nord.
La foresterie est aussi une industrie fort importante pour le Québec puisqu'elle emploie 59 540 personnes, tout en générant des ventes de 16 G$.
Les régions se démarquent aussi pour leur contribution au rayonnement culturel et touristique du Québec.
M. Jean-Maurice Matte estime que dans un contexte de restriction budgétaire, il est inacceptable d'utiliser 20 M$ pour liquider les activités des instances de concertation régionales. « Le gouvernement doit considérer les régions comme des alliées pour atteindre ses cibles budgétaires. Les gens des régions possèdent une grande expertise de leurs milieux et doivent être parties prenantes des décisions qui les concernent : c'est ça, la décentralisation que l'on souhaite! », conclut-il.
Rappelons que la coalition est née d'une volonté citoyenne de mobilisation pour dénoncer les mesures annoncées par le gouvernement du Québec. Elle est jusqu'à présent composée des régions Abitibi-Témiscaminque, Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord, Gaspésie et Îles-de-la-Madeleine, Nord-du-Québec, Outaouais et Chaudière-Appalaches. La coalition a fait une demande pour être entendue en commission parlementaire et est en attente d'une réponse positive.