Yannick Patelli - ÉDITORIALISTE
Intégration et production indépendante
On se souvient que L'Oie Banche a été dans les premiers médias à faire la lumière il y a quelques mois sur les difficultés des producteurs de porcs, notamment en exposant la situation de M. Marceau à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. Cet automne, le gouvernement Marois a décidé de rembourser immédiatement une vingtaine de millions de dollars rattachés au programme de L'ASRA aux producteurs du Québec (dont 9 millions pour les producteurs de porcs). Certaines sources dans le milieu agricole nous disent déjà qu'avec 9 millions de remboursement aux producteurs de porcs, on parle d'une goutte d'eau dans un océan alors que le programme de soutien à la production porcine risque de coûter aux alentours de 300 millions de dollars cette année.
Le nouveau ministre de l'Agriculture François Gendron a effectivement demandé cet automne à la Financière Agricole de verser directement aux entreprises agricoles «Cette somme importante dans un contexte où elles ont à subir la hausse du prix des grains», a-t-il dit. L'histoire ne disait pas par contre dans le communiqué quelle était la répartition entre les agriculteurs indépendants et les intégrateurs. Après vérification avec M. André Simard, ancien député péquiste de Kamouraska et maintenant adjoint au chef de cabinet du ministre de l'Agriculture, il est confirmé que l'annonce ministérielle touche l'ensemble des producteurs intégrateurs et indépendants du régime collectif de L'ASRA.
Selon Garon
Le problème de fond, malgré les péquistes au pouvoir, reste entier selon Jean Garon qui écrivait dans le mensuel La Vie Agricole de novembre: «Comment peut-on justifier de verser des millions de dollars à des intégrateurs et seulement des milliers de dollars aux producteurs indépendants et intégrés?». À en croire l'ancien ministre de l'Agriculture Jean Garon, les choix politiques actuels ne différencient pas les producteurs indépendants des intégrateurs. Lorsque l'on sait que les intégrateurs représentent presque 80% du marché dans le porc, est-ce à dire que le gouvernement péquiste cautionne tout comme le gouvernement libéral des subventions de plusieurs millions de dollars à quelques grandes familles agricoles qui assurent une agriculture verticale en étant fournisseurs, producteurs, transformateurs et distributeurs? C'est peut-être un choix économique rentable en termes d'emploi pour le Québec, mais le nouveau ministre Gendron devra se positionner. Chose certaine, s'il soutient la même politique que les libéraux, il serait à mille lieues de Garon et de René Lévesque qui, lui, doit bien se retourner dans sa tombe !
Fusions régionales ?
Les états n'ont plus l'argent qu'ils avaient et ils doivent faire des choix. La mondialisation a amené à une crise financière qui s'éternise et le taux de taxation en occident est à son maximum dans bien des cas. En France, le rapport Gallois (haut-fonctionnaire et directeur d'entreprise, homme de sensibilité de gauche) déposé récemment propose des coupures au président Hollande. Des grands présidents d'entreprise comme Xavier Fontanet du groupe Essilor demandent expressément, en se rapportant à la Cour des comptes ou à l'Inspection des Finances, des coupures drastiques dans la superposition des pouvoirs en région. Le Québec de Mme Marois, bien qu'elle soit dite de gauche, devra peut-être aussi se poser des questions? Maestro, notre blogueur, écrit: «Abolissons les mairies». Ça paraît fou mais est-ce vraiment le cas? Si ce n'est pas les mairies qu'il faut abolir, n'y a-t-il pas des fusions nécessaires dans les structures gouvernementales régionales ?
À PROPOS DES COOPS
Le beurre et l'argent du beurre
La Coop IGA, après deux mois et demi de lock-out en début 2012, vient de vivre son assemblée générale. La ristourne est plus faible, c'est normal. Les membres consommateurs qui ont soutenu les employés dans leurs réclamations pour de meilleures conditions salariales ne pouvaient pas espérer une grosse ristourne. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre ou - une variante - si on tartine le pain des autres, il en reste moins pour le nôtre! Au final, la perception de ce conflit qui a enflammé Montmagny est que les conditions offertes par le conseil d'administration étaient dans les normes de l'alimentation et il faut se rappeler que dans une coopérative, les administrateurs ne sont pas là pour jouer les Père Noël mais pour administrer.
À PROPOS DES LIVRES
Bientôt celui de Garon !
Je suis un fervent amateur de livres et même, dans mes «loisirs», éditeur de livres avec des partenaires du monde agricole. À notre actif depuis 2006, «Survivre à la réussite» de Jean-Paul Ouellet et Pierrette Desrosiers, un livre témoignage mettant en lumière les problématiques de santé mentale dans un milieu agricole et «Les Yeux tournés vers le ciel» de Philippe Moussette, un livre spécialisé sur l'astrologie écrit par un jeune auteur qui a su dépasser son handicap visuel pour devenir l'un des meilleurs astrophotographes au monde. Dans quelques mois j'aurai la chance de mettre sur le marché celui dont je suis déjà le plus fier, à titre d'éditeur en collaboration avec La vie agricole et une maison d'édition de référence: «Les mémoires de Jean Garon, 50 ans d'histoire du Québec». Une ?uvre en gestation depuis plus de deux ans maintenant prête à être dévoilée au public en mars 2013.
Retour des éditoriaux dans L'Oie Blanche en 2013 pour le bonheur des uns et le malheur des autres! Bonnes fêtes à tous!
Photo: François Gendron, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Allimentation. Crédit photo: Photothèque Le Soleil, Yan Doublet