Jean Dionne et Claude Dubé, les deux cyclistes qui ont fait le nord à vélo, reviennent de leur périple à la fois éblouis par la nature et épuisés. Et pour cause, ils ont avalé plus de 2500 kilomètres de route par tous les temps et, ont vécu à la dure surtout sur la route Transtaïga, premier tronçon de leur voyage.
Partis le 2 septembre de Caniapiscau, nos deux comparses arrivaient à Montmagny le 24 septembre. Une dizaine de leurs amis du club Vélomagny sont allés les rejoindre à Lévis pour accomplir la dernière étape avec eux.
Recouverte d'un bout à l'autre de gravier, l'interminable route Transtaïga fut l'étape la plus difficile du parcours. «Une chance qu'on l'a réalisé au début» de confier les deux intrépides magnymontois dans une entrevue réalisée au lendemain de leur retour. «On roulait en moyenne 5 à 6 km/heure. Ce trajet nous a pris sept jours de plus que prévu» lance Jean Dionne. Sur cette route très peu fréquentée, les cyclistes se sentaient seuls au monde.
Une chose est sûre, nos aventuriers du nord s'accordent à dire que la pluie incessante et le froid ont rendu pénible cette première étape. Les vélos portent encore les marques de ce passage difficile. Les bris et crevaisons ont ponctué leur périple, mais rien que les cyclistes ne pouvaient pas rafistoler.
S'endormir en entendant les loups
En se couchant le soir dans leur tente, les deux hommes ont parfois éprouvé des craintes en entendant hurler les loups. «Surtout au kilomètre 410, car ils semblaient plus proches» note Claude Dubé. «On utilisait la trompette quand on entendait un bruit» ajoute son compagnon. Malgré tout, sous le poids de la fatigue, ils arrivaient à s'endormir. Dans le jour, ils en ont croisé des loups, mais ceux-ci s'empressaient de déguerpir à leur vue. Les cyclistes ont aussi vu un ours noir et des petits animaux.
L'épreuve de l'eau
Pour éviter de pédaler sur le gravier, les voyageurs ont fait 150 kilomètres de plus sur la route de la Baie James. Toutefois, ils ont rencontré un autre problème, l'impossibilité de s'abreuver en eau potable. Les seules sources accessibles contenaient de l'eau jaune qu'ils appelaient de l'eau de castor. «Nous devions économiser l'eau,» affirme Jean Dionne. Finalement, ils ont recueilli de l'eau de pluie en utilisant une toile comme bassin. «Boire cette eau claire fut réconfortant» se rappelle M. Dionne.
À propos de la nourriture, les cyclistes avouent qu'ils ont pratiquement épuisé tous leurs vivres préalablement semés sur leur chemin à l'aller. Précisons que c'est un ami qui les a conduits en véhicule au point de départ de leur longue randonnée.
Les beaux moments
Qu'ont-ils aimé le plus dans cette excursion ? La nature, la tranquillité, les quelques rencontres au fil du voyage, comme cet américain qui revient dans le nord québécois à tous les ans ou encore ces autochtones heureux de voir des touristes à vélo, sans oublier ces travailleurs qui leur ont donné de l'eau. Pour tout dire, les cyclistes magnymontois n'oublieront pas de sitôt ces moments magiques où le ciel leur a fait cadeau de ses aurores boréales.
Dans la dernière portion du parcours, nos aventuriers ont eu un peu de mal à s'habituer au bruit et au trafic. «Mais, ça fait du bien de revenir à la maison» ont-il admis. Sans doute que leurs conjointes aussi étaient contentes de les retrouver.
À la question si c'était à refaire, est-ce qu'ils y retourneraient ? Silence, puis Claude répond : «En tout cas, pas demain matin, mais j'y retournerai un jour en véhicule pour voir tout ce que nous n'avons pas vu». Quant à Jean, il avoue: «Plus jamais de chemin de gravier». Leur prochaine aventure de vélo-tourisme partira de l'ouest canadien, mais ce n'est pas pour demain.
Photo : Du 2 au 24 septembre, Jean Dionne et Claude Dubé ont pédalé de Caniapiscau à Montmagny.