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«Le plus long jour de ma vie» - François Lapointe

François Lapointe, député néo-démocrate
Tout comme ses collègues, François Lapointe a vécu aux premiers rangs la fusillade survenue au Parlement canadien, le 22 octobre dernier. Pour le député de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, ce fut sans aucun doute le plus long jour de sa vie, «et de loin», a-t-il répondu au moment de confier ses états d'âme, le lendemain du tragique événement.

M. Lapointe se trouvait tout près de la porte principale du local occupé par le caucus des députés néodémocrates. Quand les coups de feu ont retenti, «j'étais peut-être à une vingtaine de pieds de la scène». Le gardien est entré dans le local, a fermé les portes et s'est placé devant. «Les balles ont éclaté sur la pièce de métal devant laquelle se tenait le gardien. Un collègue qui avait déjà vécu ce genre de situation à quelques reprises dans des opérations de surveillance de bureaux de scrutin à l'étranger, a crié : Couchez-vous sur le bord du mur. Moi, j'ai repéré les grosses tables à l'arrière de la salle et je me suis réfugié à cet endroit» raconte M. Lapointe, entrecoupant ses propos de longs silences.

Encore ébranlé, le député se souvient d'avoir hurlé pour empêcher deux ou trois de ses confrères de sortir du local, sans pourtant se souvenir de leurs visages. À la première série de coups de feu, il a pensé à sa famille. «À l'autre, j'ai pensé aux conservateurs dans leur salle en face de nous. J'ai cru que les tireurs voulaient s'en prendre à eux. Alors, j'ai paniqué car ce sont des adversaires politiques, mais je les connais. Ce ne sont pas des ennemis» a poursuivi M. Lapointe. Le plus difficile, c'est de ne pas savoir ce qui se passe durant la fusillade, dit-il.

Les parlementaires ont été enfermés dans leurs locaux puis dans une autre salle pendant une douzaine d'heures, dont les trois premières confinés sous les tables avec peu de liberté de mouvement.

Un parlement ouvert

Malgré ces heures infernales qu'il n'oubliera jamais, M. Lapointe souhaite que le Parlement demeure un lieu ouvert au public. «Je veux continuer de voir des écoliers assis sur les marches, des familles en pique-nique, des centaines de gens pratiquer le yoga sur la pelouse. Oui, nous avons eu peur, mais nous voulons conserver cette ambiance unique au monde» de révéler le député.

Le lendemain de la fusillade, nous sommes tous retournés au travail. «On a débattu de projets de loi, même si on a tenté de nous assassiner». C'est un message fort pour affirmer qu'on a tous le droit de vivre en sécurité dans ce pays» de conclure François Lapointe.
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