Les agriculteurs du Kamouraska se mobilisent contre Pangea
L'éventuelle acquisition par Pangea de 4 000 acres de terres à Saint-André a soulevé un vent de mobilisation chez les agriculteurs du Kamouraska. Jeudi dernier, plus de 125 personnes, la plupart de jeunes ou futurs agriculteurs, s'étaient donné rendez-vous à Sainte-Hélène pour partager leurs inquiétudes et faire le point sur cet épineux dossier de l'accaparement des terres agricoles.
Au sortir de la réunion, un premier geste avait déjà été posé: la formation d'un comité chargé de se pencher sur les prochaines actions à réaliser pour s'opposer à ce phénomène.
Selon l'information recueillie ce soir-là, Pangea propose essentiellement aux agriculteurs d'acheter leurs terres pour leur louer par la suite: «Leur objectif consiste à créer des ''coentreprises'' d'exploitation agricole de grande envergure (méga fermes). Pangea peut acheter les terres à gros prix, ce qui crée une inflation et compromet l'établissement de nombreux jeunes et la rentabilité de fermes existantes. Pangea dit pourtant proposer un modèle d'affaire intéressant pour la relève, puisqu'ils peuvent devenir locataire d'une terre.
Or, ce soir, la réponse est claire: les jeunes ne veulent pas devenir employé de Pangea, mais plutôt perpétuer le modèle d'agriculture familiale, gérer leur ferme et prendre leurs propres décisions d'affaire. En bref, Pangea présente tous les aspects d'une compétition déloyale pour l'accès au territoire agricole par les jeunes» de dire les organisateurs de la rencontre.
Premier vice-président de l'UPA, M. Pierre Lemieux n'a pas mâché ses mots: «Ce qu'ils veulent, c'est des travailleurs. Leur modèle? Celui d'une société d'investissement: eux, les grands seigneurs, et nous, les travailleurs. Nous ne voulons pas de ce modèle. Nous voulons protéger notre modèle familial actuel, notre fierté».
M. Gilbert Marquis, président de la Fédération de l'UPA du Saint-Laurent, en a rajouté: «Me faire dicter ma ligne de conduite par ce genre de gens, je ne suis pas capable. Il va falloir que le ministre mette ses culottes».
Selon les divers intervenants, ces firmes d'investissement qui achètent des terres susciteront un appauvrissement de l'agriculture régionale et locale. La création de méga entreprises agricoles se traduira par une diminution du nombre de familles sur le territoire et une baisse du nombre de fermes, ce qui aura un impact direct sur l'économie locale, les écoles, les services: «De plus, une société comme Pangea n'achètera par ses intrants et équipements à la coopérative du coin; elle fonctionne par achats centralisés.
On peut aussi se questionner sur la notion d'appartenance au territoire de ces nouveaux propriétaires qui ne vivent pas dans les régions qu'ils exploitent; seront-ils interpellés par les enjeux locaux?»
Le nouveau comité, dirigé par M. Pascal Hudon, président de la Fédération de la relève agricole du Québec, compte une quinzaine de membres et verra à déterminer les actions à prendre pour enrayer le phénomène.
Il est donc évident que Pangea n'est pas la bienvenue au Kamouraska.