Incurable, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) constitue la troisième cause de mortalité au Québec et tue deux fois plus de personnes que le cancer du poumon dans le monde.
Entre 2001 et 2011, les personnes qui en étaient atteintes ont montré un taux de mortalité – toutes causes confondues – près de trois fois plus élevé que celui des personnes non atteintes, indique un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), publié en 2017[i].
C’est du moins ce qu’a rappelé lundi matin, le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), en cette première journée de la Semaine pour un Québec sans tabac.
Le slogan choc de la campagne traduit cette implacable réalité : Arrêtez avant d’étouffer.
Un problème de santé publique majeur
Au Québec, plus de 30 000 personnes âgées de 35 ans et plus reçoivent un diagnostic de MPOC chaque année[ii]. Causé dans 85 % des cas par le tabagisme, ce trouble de santé entraîne des difficultés respiratoires croissantes.
Cette maladie est par ailleurs le plus souvent diagnostiquée chez les personnes de 35 et plus, mais les dommages irréversibles aux voies respiratoires et aux poumons peuvent avoir commencé des années auparavant.
« De nombreux patients reçoivent un diagnostic de bronchite aiguë, de toux ou d’infection des voies respiratoires alors qu’en réalité, les symptômes qu’ils présentent constituent une poussée aiguë de la maladie sous-jacente », explique le Dr Jean Bourbeau, directeur de la Clinique de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et du programme de réadaptation pulmonaire de l’Institut thoracique de Montréal du Centre universitaire de santé McGill.
« Comme ce trouble de santé est de 50 % à 70 % sous-diagnostiqué, on devrait voir bientôt monter en flèche le nombre de personnes qui en souffrent en raison du vieillissement de la population. »
S’éteindre à petit feu
Les personnes aux prises avec la MPOC voient habituellement leurs symptômes s’aggraver d’une à quatre fois par année.
Ce sont des épisodes aigus de la maladie ou des crises pulmonaires. La fréquence et la sévérité de ces crises vont augmenter au fur et à mesure que la maladie progresse.
« Ces crises peuvent être très handicapantes, nécessiter des soins médicaux d’urgence et même entraîner la mort. Leurs conséquences sont aussi graves qu’une crise cardiaque avec des taux de mortalité semblables durant et après l’hospitalisation », explique le Dr Bourbeau.
Comme il s’agit d’une maladie liée au tabagisme, les femmes ne sont pas épargnées. « Depuis 2009, plus de femmes meurent de la MPOC que du cancer du sein », note le pneumologue.
« Les personnes atteintes d’une MPOC courent également un risque élevé de contracter d’autres maladies, telles qu’une maladie cardiovasculaire, un cancer du poumon ou une pneumonie. Dans les cas avancés, l’essoufflement – principal symptôme de la MPOC – entrave considérablement des activités simples comme parler, se laver et se vêtir. Par conséquent, l’isolement, l’anxiété et la dépression se mettent souvent aussi de la partie », précise-t-il.
Des coûts médicaux astronomiques
Sur le plan médical, la MPOC est associée au taux d’hospitalisation le plus élevé parmi les principales affections chroniques au Québec et constitue la deuxième cause d’hospitalisation – toutes causes confondues – après les accouchements.
À l’échelle du pays, la MPOC est aussi associée à un taux de réhospitalisation plus élevé que les autres maladies chroniques. Ce problème de santé coûte cher. Selon le Conference Board du Canada, les coûts médicaux attribuables à la MPOC devraient passer de 4 milliards de dollars en 2010 à 9,5 milliards de dollars en 2030, ce qui représente une augmentation de 140 %.
Un problème pressant au Québec
Selon le CQTS, cette situation est très préoccupante puisque le taux de tabagisme est de 18,3 % chez les Québécois âgés de 12 ans et plus.
Encore aujourd’hui, ce fléau fait de grands ravages et sape la qualité de vie, voire la vie tout court, de milliers de personnes.
Les dernières années d’une personne atteinte d’emphysème peuvent être très pénibles à vivre tant sur le plan physique que psychologique. De plus, le tabagisme fait non seulement souffrir les fumeurs, mais aussi leur famille. L’accompagnement d’un proche souffrant d’une maladie respiratoire grave représente une terrible épreuve.
En cette Semaine pour un Québec sans tabac, j’invite donc l’ensemble de la population à poser un geste concret pour réduire les conséquences du tabagisme. Par exemple, aidez un proche à arrêter de fumer ou mieux prenez la décision d’arrêter », souligne Marc Drolet, directeur général du CQTS.