Les Québécois choisissent la dépendance (texte d'opinion politique)
La question qu'on doit se poser à l'heure actuelle est la suivante : pourquoi les libéraux sont-ils en avance dans les sondages?
Beaucoup de choses pourraient être dites à ce sujet en analysant la présente campagne, sauf que je me réserve ce droit pour le lendemain de jour du scrutin qui aura lieu lundi prochain, soit le 7 avril.
Ce que je tente d'exprimer aujourd'hui est beaucoup plus profond.
En réalité, tout le monde reconnait que c'est la question référendaire qui a propulsé le Parti libéral du Québec en avant, et ce en argumentant avec la peur économique d'un Québec souverain.
Évidemment, nul n'est surpris de la tactique fédéraliste basée sur la peur qui a toujours fait reculer les Québécois vers leur accession à la liberté.
Cependant, il ne faut pas oublier que pour parvenir à la souveraineté, le Québec doit passer par l'autonomie qui est le prédécesseur naturel de l'indépendance.
Mais, comment peut-on accéder à l'indépendance si le pouvoir central mine par ses politiques, l'autonomie des provinces?
Incontestablement, c'est ce qui est arrivé dans les années 90 quand Jean Chrétien avec l'aide de son comparse Paul Martin, a pelleté le déficit fédéral aux provinces.
C'est ce qu'on nomme le déséquilibre fiscal...
C'est simple, le gouvernement fédéral accumule des surplus importants, notamment en coupant dans ses contributions aux provinces, laissant ainsi le Québec avec des responsabilités beaucoup trop coûteuses pour ses ressources.
Voilà ce qui est arrivé...
Évidemment, en procédant de cette manière, le gouvernement fédéral de l'époque a passé pour être un génie du retour à l'équilibre budgétaire, mais bien évidemment aux dépens des provinces.
Agir de cette façon a assurément affaibli l'autonomie du Québec, et a ainsi fait en sorte que le Canada verse plus de péréquation à la belle province.
Ce qui veut explicitement dire que la stratégie fédérale d'Ottawa a complètement rendu le Québec plus dépendant du pouvoir central, et ce volontairement pour prouver aux Québécois qu'ils ont besoin du Canada pour survivre.
Et le pire, c'est que les gens sont tombés dans le panneau.
Voilà la façon de diriger la fédération canadienne de la part de nos élites fédéralistes, affaiblir le Québec financièrement pour ensuite lui proposer une aide via la péréquation afin de garder la nation du Québec dans le Canada...
Mes bons amis, voilà une méthode traditionnelle d'action, réaction et solution.
On appauvrit le Québec en coupant les transferts aux provinces, le Québec à de plus en plus de difficulté à rejoindre les deux bouts, et on donne plus d'argent à la province en majorité francophone via la péréquation, pour ainsi leur démontrer qu'ils ne savant pas se gérer et qu'ils ont besoin du Canada pour mieux s'émanciper...
Incontestablement, la peur économique utilisée pour manipuler l'opinion publique fonctionne à merveille.
De plus, il appert maintenant que le Parti Québécois est xénophobe parce qu'il veut une charte de la laïcité.
Ce n'est pas compliqué, tout principe d'affirmation de la nation québécoise est mal vu, comme si nous les Québécois nous ne pouvions pas juste nous affirmer comme tout bon peuple a droit de le faire.
Maintenant, le Québec n'a pas signé la constitution, Meech n'a pas été entériné par le reste du Canada, le Québec n'est pas un pays, le principe de la nation québécoise n'est pas enchâssé dans la constitution, et les Québécois sont xénophobes parce qu'ils désirent une charte.
Qui plus est, on abandonne le nationalisme et l'affirmation de ce que nous sommes, préférant ainsi nous soumettre à la peur.
Philippe Couillard attend un signal du reste du Canada pour parler des demandes traditionnelles du Québec. Mais pour lui, il n'y a pas urgence, car nous sommes bien traités au Canada et que l'économie est sa priorité numéro un.
Vous savez, que ce soit la souveraineté pure et simple du Québec ou bien de l'entrée du Québec dans l'honneur et l'enthousiasme dans la fédération canadienne, il m'apparait évident que si nous ne bougons pas, le Québec continuera à s'affaiblir de jour en jour en refusant obstinément de régler une bonne fois pour toutes cette question.
De plus, comme l'histoire nous la bien démontrer avec Robert Bourassa dans les années 90, le Parti libéral n'est pas prêt à aller jusqu'au bout dans cette démarche.
Ce parti attend que le reste du Canada vienne lui demander s'il veut bien entrer dans la constitution, et de plus, ce dernier n'est vraiment pas prêt à aller jusqu'au bout dans l'affirmation du Québec, si le Canada lui refuse encore ses demandes...
D'ailleurs, monsieur Couillard risque d'attendre bien longtemps avant que le ROC se pointe avec une telle demande...
Alors, quoi penser?
Le cul-de-sac qui semble se dessiner avec l'élection prochaine du Parti libéral à la tête du Québec, démontre clairement que les Québécois ont abdiqué dans leur affirmation, préférant ainsi le statu quo.
Malheureusement, le nationalisme se meurt proportionnellement à l'assimilation du Québec au sein d'un Canada refusant de reconnaître un des deux peuples fondateurs comme il le devrait.
Du pain et des jeux sont bien naturellement préférables à la fierté du Québec.
Oui, les Québécois sont de plus en plus des colonisés...