Céline Chabot - CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Si vous ne connaissez pas Lulu, c?est que vous ne venez pas de Saint-Paul-de-Montminy. Vous manquez quelque chose.
Elle est belle l?histoire de Lulu, un vieux Dodge Dart custom 1974. Après avoir bien servi durant une vingtaine d?années M. Lucien Blais, commerçant ambulant à ses heures, Lulu reprend du service auprès de son petit-fils Sébastien, pour qui il jouera de nombreux rôles: conducteur d?escortes, outil artistique, cinéma roulant et fidèle compagnon de déroute. Mille après mille le jeune homme pousse son vieux tacot jusqu?à son ultime destination, s?arrêtant au hasard du chemin pour écouler quelques exemplaires de son recueil de poèmes: «Vagabond à rien».
Poète rock dans la lignée des Francoeur ? autre prénommé Lucien ? Sébastien Blais est aussi petit cousin de Marie-Claire Blais, fille de Fernando, frère de Lucien. Vous me suivez? Son héritage filial ou spirituel, mécanique ou poétique lui vaut une plume à la fois touchante et irrévérencieuse et l?on prend un réel plaisir à bourlinguer en sa compagnie au rythme des mots qu?il manie avec adresse, si l?on passe outre quelques coquilles faisant figure de petites taches d?huile.
Son inspiration, Sébastien l?a d?abord puisée dans nos contrées: «Quand j?étais jeune, j?avais hâte d?aller visiter mes grands-parents dans les hautes collines de Saint-Paul-de-Montminy qui culminent parfois dans la région à près de 1000 mètres d?altitude. J?ai toujours aimé voir loin. Regarder un panorama qui ne m?étouffe pas.» Cette vaste étendue, propre à nourrir son imaginaire, il ne la retrouve pas à Morial-Mort où il est né quatre jours après l?acquisition de Lulu par le grand-père montminyen.
Sébastien Blais, roman, Éditions Rodrigol, 90 pages
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