Il ne semble pas que le Québec connaisse d?endettement, puisque c?est dans le pur style d?une visite princière que s?est amenée Pauline Marois et sa suite au Congo, en octobre dernier.
C?était une rencontre de la francophonie, premier voyage officiel de la nouvelle première ministre du Québec en République démocratique du Congo, en octobre dernier. Pas moins de 25 personnes l?ont accompagnée, du 12 au 14 octobre. Tout ce beau monde a coûté un peu plus de 100 000$. L?Opposition officielle à l?Assemblée nationale avait raison de réagir. Les libéraux, qui ont été si souvent bombardés d?accusations de corruption de la part du Parti Québécois, avaient de quoi nourrir leur revanche.
Et c?est hélas le gros problème avec le parti indépendantiste. Autant les libéraux ont des fréquentations peu reluisantes, dont on en connaîtra les tenants et les aboutissants avec la Commission Charbonneau, autant les péquistes ont la culture de la vie mondaine.
DES GOÛTS LUXUEUX
Même si j?ai appelé de tous mes v?ux la victoire de madame Marois, ça ne veut pas dire que je lui signe un chèque en blanc. Car il faut se rappeler que la leader péquiste a un faible pour les belles choses. Souvenons-nous en 1999, alors qu?elle était ministre dans le cabinet de Lucien Bouchard. Elle avait obtenu de ce dernier la rénovation, au coût de 438 000$, de sa suite ministérielle, dont la fameuse toilette silencieuse qui se chiffrait à quelques milliers de dollars. Cela avait soulevé la grogne dans la population.
Sur un plan personnel, on a vu l?immensité de son domaine dans l?ouest de Montréal, avec au c?ur un véritable château, genre celui de Moulinsart dans Tintin, estimé à près de 8 M$. Qu?elle cherche d?ailleurs à mettre en vente. Et elle regarderait la possibilité d?acquérir un condo de 3,5 M$ dans l?immeuble le St-Régis, appartenant au propriétaire de l?Hôtel St-James. Mais ça c?est du domaine privé. Elle peut bien faire ce qu?elle veut de son argent. Mais de jouer impunément avec les deniers publics, c?est une autre affaire. Surtout qu?elle ose en ce moment demander aux étudiants de faire des efforts.
C?est ce double discours qui est insupportable. « Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. » C?est bien dommage, Madame Marois, mais si vous ne mettez pas tout de suite un frein à ces dépenses somptuaires, vous risquez de ne plus vous retrouver en poste aux prochaines élections. Et ce serait dommage. L?heure est justement de traquer le gaspillage et de montrer que la lutte à la corruption, c?est une fort bonne chose, mais ça ne veut pas dire que c?est un passe-droit pour se permettre toutes sortes de privautés avec nos taxes.
Je rappellerai, pour votre bon souvenir, qu?elle avait accepté qu?André Boisclair touche non pas une rémunération, mais deux. Jusqu?à ce que le pot-aux-roses soit dévoilé et que l?intéressé finisse par se « sacrifier » en ne se contentant que du poste de délégué général à New York. Madame Marois, on vous a à l??il.