Le 2 fe?vrier marque la Journe?e mondiale des zones humides en me?moire de la
signature de la Convention sur les zones humides en 1971, a? Ramsar. Elle s?est
de?roule?e cette anne?e sous le the?me : «les zones humides et la gestion de l?eau».
A? ce jour, la convention de RAMSAR a e?te? signe?e par 159 pays, dont le Canada. Pourtant, plus de 40 ans apre?s cette signature, les me?canismes de protection ne permettent pas au Que?bec d?assurer la pe?rennite? de ces e?cosyste?mes essentiels.
Cette journe?e est donc tout indique?e pour rappeler qu'une loi permettant de prote?ger ade?quatement les milieux humides et favorisant la cre?ation de nouveaux milieux doit e?tre adopte?e rapidement.
Les zones humides: un investissement pour les ge?ne?rations futures.
Les milieux humides, syste?mes hydrologiques complexes, doivent e?tre prote?ge?s puisqu?ils nous offrent plusieurs services e?cologiques.
Ils ralentissent le ruissellement et l?e?rosion, rechargent les nappes phre?atiques, interceptent les matie?res en suspension charge?es en nutriments qui contribuent au vieillissement des plans d?eau et favorisent l?e?limination du carbone dans l?air en le stockant. De plus, les milieux humides supportent la biodiversite? en servant de zones de refuge, d?alimentation et de reproduction pour la faune, servent de corridor e?cologique et re?gulent les inondations et les pe?riodes de se?cheresse, nous permettant ainsi de mieux faire face aux impacts des changements climatiques.
Un de?clin marque? des zones humides au Que?bec.
Avec ses 130 000 km2 en zones humides liste?es en vertu de la convention de RAMSAR, le Canada se place au premier rang des pays avec les plus grandes superficies de zones humides.
Pourtant, on e?value que la perte de terres humides, depuis les anne?es 1800, serait de 200 000 km2 et que 80 a? 98% des zones humides situe?es a? l?inte?rieur ou pre?s d?une agglome?ration urbaine auraient e?te? de?truits (Environnement Canada, 1991), notamment en raison de l?urbanisation.
Au Que?bec, la situation est tout aussi inquie?tante. L?alte?ration des milieux humides remonte a? plus d?un sie?cle, mais c?est au cours des 40 dernie?res anne?es que le phe?nome?ne s?est acce?le?re?. On estime qu?en 2008, quelque 45% des terres humides des basses terres du Saint-Laurent auraient e?te? de?truites et que 65% des zones restantes seraient perturbe?es par des activite?s humaines (MDDEP, 2008).
De plus, le de?veloppement du territoire nordique cre?e une nouvelle pression sur les grands milieux humides sans engagement spe?cifique de l?E?tat pour leur protection.
En 2012, un nouvel obstacle s?est pose? a? leur protection, en raison d?un jugement de la cour supe?rieure invalidant une directive du ministe?re de l?Environnement du Que?bec pour la compensation de la perte en milieux humides. Cette situation a mene? a? l?adoption d?une loi «corrective» autorisant le gouvernement a? exiger la compensation pour une perte de milieu humide. Cependant, cette loi ne permet pas a? elle seule d?en arriver a? une situation ou? aucune perte supple?mentaire ne serait autorise?e au Que?bec.
Un engagement ne?cessaire de l?E?tat.
En raison de la situation critique des zones humides au Que?bec, l?adoption d?une loi sur la protection des milieux humides est ne?cessaire. Par sa loi «corrective» de 2012 sur les mesures de compensation, le gouvernement s?est engage? a? adopter une telle loi, d?ici avril 2015. Il est primordial que cette loi soit rapidement e?labore?e et fasse l?objet de consultation pour en de?finir les principes et les obligations.
Cette loi devra faire passer le re?gime actuel d?autorisation des projets a? un re?gime de protection. Elle devrait reconnai?tre les principes d?aucune perte de milieux humides d?inte?re?ts et d?aucune perte nette des superficies et des fonctions et be?ne?fices des milieux humides. Elle devra alors proposer la se?quence d?atte?nuation «e?viter- minimiser-compenser» reconnue mondialement, selon laquelle toute perte de milieu humide devrait d?abord e?tre e?vite?e, puis re?duite au minimum. Lorsque la perte est ine?vitable, des incitatifs devraient e?tre pre?vus afin de permettre la compensation, la restauration ou la cre?ation de milieux humides, notamment dans la valle?e du Saint- Laurent.
Des outils doivent e?tre de?finis pour les organismes de bassins versants, responsables
de la gestion inte?gre?e de l?eau au Que?bec, afin d?inte?grer la protection des milieux
humides a? leurs mandats. Par exemple, l?identification des milieux humides d?inte?re?ts
et des lieux de compensation approprie?s permettrait de maintenir ou de retrouver les
services e?cologiques offerts par les zones humides a? l?e?chelle du bassin versant.
Source : Jean-Paul Rai?che, premier vice-pre?sident du ROBVQ