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PurGenesis questionnée

Collaboration L'Oie Blanche

Par Sylvain Fournier

Le député néo-démocrate de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, François Lapointe, a questionné, mercredi dernier à la Chambre des communes, le gouvernement conservateur sur l'entreprise PurGenesis de Montmagny qui « a obtenu de l'argent du gouvernement fédéral sans jamais livrer les emplois promis ». Sa sortie a été suivie par le Montréal Gazette qui a également obtenu la réaction du pdg de PurGenesis, le Dr André Boulet.

«Cinq ans après avoir obtenu 3 M$ du gouvernement fédéral, l'entreprise de Montmagny n'a toujours pas livré les emplois promis», a fait remarquer le député Lapointe qui dit avoir mené des recherches dans les dernières semaines sur l'argent public octroyé à l'entreprise PurGenesis. Il conclut qu'elle a reçu 3 millions $ du gouvernement fédéral depuis 2008 grâce au Programme Agri-débouchés et plus de 500 000$ de la part de Développement Économique Canada, promettant la création de 100 emplois.

De mauvais augure

«Le Programme Agri-débouchés aidait la commercialisation de produits prêts à entrer sur le marché. Pourtant, après cinq ans d'octroi de subventions, l'usine est vide. Le produit vanté n'est pas prêt. C'est de mauvais augure», estime François Lapointe.

«Même si je pense qu'il est important de soutenir les entreprises qui ont besoin d'un coup de pouce et souhaite voir la création des emplois promis, je m'inquiète de voir autant d'argent public engagé pour si peu de résultats», ajoute le député qui se demande quels sont les mécanismes de vérifications que le gouvernement a mis en place pour assurer la création des emplois si souvent promis.

Apparences trompeuses

«Les apparences sont trompeuses», a répondu le Dr André Boulet au Montréal Gazette en expliquant que le domaine pharmaceutique n'est pas comme produire une recette de biscuits. «C'est de la science, on ne connaît assurément pas le résultat», explique-t-il pour motiver les délais, parce que PurGenesis doit entre autres passer par des sous-traitants pour tester ses produits.

Pour la crème anti-âge à base d'épinards biologiques, on est en attente des dernières approbations de Santé Canada alors que pour le médicament pour la colite ulcéreuse, une maladie du colon, on se prépare à aller en tests à plus grande échelle sur des humains.

À propos des cultures de bébés épinards biologiques dans la région, le Dr Boulet mentionne que des essais sont présentement en cours dans la région avec Biopterre de La Pocatière. S'il y a des deniers publics dans cette entreprise, surtout versés sous forme de prêts, il y en a aussi considérablement provenant du privé, répond le Dr Boulet à François Lapointe, en disant qu'il avait mis plus d'un million $ de ses économies et le principal administrateur, le milliardaire Eugène Melnick, en a injecté 13 millions $.

À Montmagny?

Le Dr Boulet a également contacté Yannick Patelli au journal L'Oie Blanche. À la lumière de cette conversation téléphonique, l'éditorialiste se demande si les emplois sont vraiment assurés de venir à Montmagny en bout de ligne.

«Toutefois, je ne peux pas assurer qu'au final les emplois viendront à Montmagny. Ça dépend des ententes finales avec les multinationales. Ce n'est pas mon choix de faire ça ailleurs, si ça se fait comme ça», a mentionné le Dr Boulet à notre éditorialiste.

Pas heureux de cette sortie

Invité à commenter ces dernières nouvelles, le maire de Montmagny, M. Jean-Guy Desrosiers, estime que le député Lapointe aurait dû se renseigner sur le dossier auprès du Dr Boulet avant de poser des questions à la Chambre des communes. «Je ne suis pas heureux de sa sortie... J'aurais aimé qu'il pose d'abord des questions à PurGenesis. J'aurais aussi aimé qu'il m'appelle...», a dit le maire Desrosiers en indiquant que cette sortie du député Lapointe survenait à la suite d'un article paru dans la revue Maclean's sur Eugène Melnick où l'on traitait également par la bande de PurGenesis, a raconté M. Desrosiers.

«Ce n'est pas moi qui a choisi les partenaires. Nous à la Ville, nous avons été partenaires, mais pas financier, seulement en temps. On n'a pas investi de l'argent des contribuables. La seule chose, c'est que l'on se prive de revenus en raison du programme de crédit de taxes, d'une durée de cinq ans, alloué aux nouvelles industries qui œuvrent dans les hautes technologies. C'est valable pour PurGenesis jusqu'en 2014-2015 ou pour toute autre entreprise de haute technologie qui veut s'établir à Montmagny», a expliqué M. Desrosiers.

Le maire de Montmagny dit avoir été interviewé par le journaliste du Maclean's.

Délais incontrôlables

Il lui a expliqué qu'il était toujours confiant de voir du développement dans l'usine de PurGenesis, même si cette dernière est pour le moment quasi inactive, avec à peine trois employés sur place. «Il y a une bâtisse de plus d'un million $ construite dans le parc industriel à Montmagny et qui est dotée d'équipements à la fine pointe pour la production. À ce que je sache, elle n'est pas sur des roulettes... Si ce n'est pas PurGenesis, ce sera peut-être une autre entreprise pharmaceutique. Mais je suis encore confiant que ce sera PurGenesis. Ce n'est pas une cabane à patates qu'on a construit, on parle d'un domaine qui exige souvent des délais incontrôlables», a commenté le maire.

Selon M. Desrosiers, le greffier de la Ville a reçu récemment un appel téléphonique d'un ancien ministre au Manitoba, province où Melnick est propriétaire d'une importante usine de fabrication pharmaceutique. «On nous a dit de ne pas nous en faire, car dans ce domaine l'attente peut-être parfois longue, mais elle risque d'être très profitable une fois que l'usine est démarrée.»

Malgré l'optimisme du maire Desrosiers, on peut voir actuellement que la patience n'est peut-être pas l'une des plus grandes qualités des Québécois...

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