À peine arrivé au monde, Abel a dû lutter pour sa vie. Dans une entrevue réalisée le 21 septembre, Karie-Lyn Pelletier, la mère du bébé âgé d'un peu plus d'un mois, a pris la parole pour faire connaître le virus appelé Cytomégalovirus qui, sans crier gare, a bouleversé la vie de cette famille de Saint-François-de-la-rivière-du-Sud.
Le 15 août dernier, la jeune maman qui aura bientôt 27 ans, met au monde à Lévis un bébé prématuré de 32 semaines. Dès sa naissance, le nourrisson doit être réanimé. À quatre jours de vie, le petit Abel est transféré au CHUL où commence une investigation complète pour sauver le poupon.
Puis, le diagnostic tombe, l'enfant a été infecté par le Cytomégalovirus, communément appelé le CMV. La maman a contracté le virus pendant sa grossesse. Sournoise, l'infection est souvent asymptomatique chez l'adulte, c'est le fœtus qui est atteint.
Sourd
Comme le Cytomégalovirus peut laisser d'importantes séquelles (audition-vision, retard neurologique) sur le nouveau-né, l'équipe médicale du CHUL a procédé à une série de tests.
Mauvaise nouvelle, les parents apprennent que leur bébé est sourd, «une surdité profonde et complète» confirmée par les médecins le 14 septembre.Ce n'est pas avant l'âge d'un an et demi qu'on saura s'il y a possibilité pour Abel d'avoir des implants, précise la mère qui a le cœur brisé en pensant que son bébé demeure muré dans le silence.
Par contre, la vision d'Abel ne semble pas affectée. De même, l'examen du cerveau ne révèle aucune tache blanche, mais on décèle la présence de kystes. Les médecins ne peuvent faire un diagnostic, seul le temps dira si c'est bénin ou plus important, explique la jeune maman.
L'incertitude
En attendant, l'alimentation demeure difficile. Abel est nourri du lait de sa mère par gavage 24 heures sur 24. «Il régurgite beaucoup» dit-elle. La semaine dernière, le bébé devait passer le test de dépistage de la fibrose kystique. Les médecins poursuivent aussi les investigations génétiques.
Sa condition est tellement précaire qu'Abel devra attendre encore longtemps son congé de l'hôpital. «Pas avant décembre si la vie est bonne avec lui» a répondu un médecin à cette question de la mère. Mme Pelletier continuera donc de prendre la route à tous les jours pour aller voir son enfant à Québec.
Le plus difficile, révèle KarieLyn Pelletier, est de vivre dans l'incertitude permanente. «Chaque soir, j'appelle à l'hôpital et à chaque fois, je ressens de la crainte» confie la maman. En même temps, elle puise son courage dans le combat de son enfant qui lutte pour sa vie. «Abel arrive avec un bagage différent, pourtant il m'a appris tellement. Je l'ai vu se faire piquer, je l'ai vu branché de la tête aux pieds, j'ai passé toute la gamme des émotions» raconte la maman la gorge nouée et les yeux dans l'eau.
Et la vie continue
C'est toute la vie de cette famille qui s'en trouve bouleversée. La jeune maman, éducatrice à l'école de Saint-François, ne pourra pas réintégrer son travail au moment prévu. Ses deux autres fils, âgés de 8 ans et 3 ans, ne peuvent pas voir leur petit frère. Le père, Pierre-Luc, doit aussi continuer à travailler.
Les frais financiers générés par les déplacements à l'hôpital et tout ce qui s'ensuit rendent le quotidien difficile. La sœur de KarieLyn, a lancé une initiative pour recueillir des dons sur Go Fund Me, afin d'aider la famille. En trois jours, elle a recueilli 1650$. «L'argent sera utilisé pour les implants auditifs du petit Abel» précise la mère, en exprimant sa reconnaissance pour cet élan de générosité.
KarieLynPelletier a décidé de raconter son histoire pour informer la population sur ce virus et sur les impacts qu'il peut avoir sur les bébés atteints. Au dire de la jeune femme, son médecin n'était pas chaud à l'idée afin de ne pas alarmer inutilement les femmes enceintes. Quoi qu'il en soit, la jeune femme a bien l'intention d'en faire son combat pour faire avancer les recherches médicales et le dépistage.