En interrogeant des athlètes qui pratiquent la course en canot à glace, l?ethnologue Richard Lavoie a constaté que plusieurs n?avaient jamais pris conscience du fait qu?ils étaient des porteurs de tradition. C?est le cas de M. Raynald Fortin, le doyen de la confrérie des canotiers, qui assistait à l?entrevue que M. Lavoie nous accordait vendredi dernier pour expliquer l?objectif visé par son livre «Naviguer en canot à glace, un patrimoine immatériel».
Et pourtant, M. Fortin, 68 ans, se veut l?exemple parfait puisqu?il a initié ses trois fils et son neveu: «Il est un porteur de tradition typique, car il transmet son savoir-faire par filiation et de bouche à oreille. C?est ce qui fait du canot à glace un patrimoine immatériel» d?expliquer M. Lavoie.
En 2000-2001, M. Fortin formait une équipe avec son épouse Ginette Proulx Fortin et ses trois fils, Michel, Simon et Rémi.
Aujourd?hui, avec son coéquipier Gilbert Lavoie, il revendique 122 ans d?âge: «C?est plus que le total de certaines équipes adverses» lance-t-il en riant.
Qui dit patrimoine immatériel ne dit pas nécessairement statu quo. Si l?environnement demeure le même (fleuve, glaces, courants), les canots ont évolué, comme l?a constaté M. Fortin au fil des ans. À l?époque, les canots pesaient 500 livres: aujourd?hui, ils frôlent les 250 livres! L?apparition d?embarcations plus légères a permis aux femmes de se lancer dans la compétition et aux hommes d?améliorer leurs performances.
Quand il aura 70 ans, M. Fortin entend bien continuer à défier les glaces du majestueux Saint-Laurent. Et pour souligner l?événement, il nous a confié que son épouse Ginette pourrait bien reprendre le collier!
Photo: M. Raynald Forti, canotier, et l?ethnologue M. Richard Lavoie.
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