Julie Grant
groupe de citoyens inquiets du Témiscouata
Témiscouata-su-le-Lac, le 21 août 2013
Près de 125 citoyens, une dizaine de maires et de mairesses du Témiscouata et quelques représentants de la MRC étaient présents mardi dernier, à la rencontre d'information indépendante sur le projet d'oléoduc Énergie Est de la compagnie TransCanada. Ils étaient venus entendre Steven Guilbeault d'Équiterre et Kim Cornelissen de l'AQLPA leur exposer les enjeux liés à l'exploitation des sables bitumineux en Alberta et sur la corrélation existante avec les changements climatiques.
Certains élus ont exprimé leurs inquiétudes face à l'empressement de TransCanada à vouloir mettre en chantier cet oléoduc long de 4 400 km et pouvant transporter 1, 1 million de bruts lourds par jour. Le gouvernement Marois ne sait toujours pas si le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sera mandaté pour étudier le projet. « Pour construire des autoroutes il faut un BAPE, même chose pour la construction d'un parc éolien et ce processus prend du temps. Je ne comprends pas pourquoi on s'empresse à vouloir réaliser un projet de transport aussi risqué » s'est exclamé M.Claude Lavoie maire de Dégelis.
D'autres élus ont dit craindre pour la contamination de leur source d'approvisionnement en eau potable. Le tracé préliminaire de l'oléoduc traverse les affluents du lac Témiscouata et Pohénégamook de même que ceux de la rivière Madawaska.
Le préfet suppléant de la MRC, Monsieur André Chouinard, est venu expliquer à l'assemblée que la MRC prend de l'information sur le projet et qu'elle veut s'assurer de sa sécurité. TransCanada voulait tenir une séance d'information à Cabano pendant les vacances de la construction, la MRC est parvenue à faire déplacer la rencontre au mois d'octobre prochain. « On va mettre les exigences qu'on veut avoir; pour le moment, le nombre de valves de sécurité prévu par TransCanada sur son pipeline est insuffisant» d'expliquer Monsieur Chouinard.
Par un communiqué paru la semaine dernière, le porte-parole de TransCanada, Philippe Cannon, fils de l'ancien ministre fédéral des Transports, se veut rassurant quant à la sécurité de l'oléoduc. Pourtant, un ex-ingénieur de la compagnie, Evan Vokes, a porté plainte à l'office national de l'énergie en mai 2012. Selon l'ingénieur en métallurgie, certains inspecteurs embauchés pour évaluer les pipelines de TransCanada manquaient de compétences et l'entreprise ne se pliait pas à certains règlements de l'Office national de l'énergie concernant la soudure de pipelines.
Steven Guilbeault a également rappelé lors de la rencontre que douze fuites ont été recensées dans la première année d'exploitation d'un oléoduc de Transcanada qui court à l'Est du Nebraska, aux États-Unis, dont une a libéré plus de 21 000 gallons (80 mille litres environ).
Concernant les retombées économiques anticipées, le président américain Barack Obama a rabroué TransCanada en juillet dernier sur un autre projet d'oléoduc de la compagnie en sol américain. Le président affirme qu'à terme l'oléoduc ne créera que 50 emplois et qu'un tel projet n'est pas un bon plan pour l'emploi.
L'organisatrice de la soirée d'information au Témiscouata, Julie Grant, tient à préciser que le débat ne se situe pas entre le transport de pétrole par voie ferroviaire et par oléoduc. Elle affirme : « Ce projet d'oléoduc ne diminuera pas le transport de pétrole brut par train. Il s'agit plutôt d'un nouveau tracé permettant à l'industrie des sables bitumineux d'exporter leur production. » L'industrie prévoit en effet triplé sa production d'ici 2030. Les deux autres projets d'oléoduc de TransCanada sont présentement bloqués aux États-Unis et en Colombie-Britanique.
Entre-temps, au Témiscouata, un groupe de mobilisation citoyenne sera formé en lien avec les groupes de la MRC de L'Islet et de Kamouraska. Les citoyens désireux de s'impliquer dans le mouvement sont attendus le 1er septembre prochain à 13 h au parc Clair Soleil de Témiscouata-sur-le-Lac.
Les trois rencontres d'informations citoyennes organisées spontanément au Bas St-Laurent ont réuni au total plus de 500 personnes.
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