Comme en 2014, la prochaine Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli mettra en vedette des duos d'artistes, d'ici et d'ailleurs. Il y a deux ans, les étrangers venaient de villes comme Montréal. Cette année, ils arriveront du Grand Nord alors que sept artistes inuits formeront autant de duos avec leurs homologues de la région pour réaliser une uvre commune.
Prévu du 21 au 24 juillet dans le parc des Trois-Bérets, cet évènement sera une coproduction de la Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli et de l'Institut culturel Avataq du Nunavik: «Il s'agit d'un projet ambitieux» de lancer Mme Marie-Claude Gamache, de la Biennale.
Plus qu'une rencontre d'artistes, les promoteurs de la Biennale veulent que cette Biennale devienne une rencontre de deux communautés. Pour ce faire, trois activités auront lieu d'ici là afin d'inciter la population à s'approprier l'évènement.
Trois activités
La première activité consiste à présenter le documentaire «Les ailes de Johnny May» en février au Centre GO. Premier aviateur Inuit au Nunavik, Johnny May a volé plus de 34 000 heures au-dessus du Grand Nord. Du haut des airs, il fut l'observateur privilégié de deux fins du monde: la sédentarisation de son propre peuple et les bouleversements du climat arctique.
La deuxième activité se déroulera pendant la Fête d'hiver, du 11 au 14 février, alors que le duo Robert Gaudreau/Charleen Watt y représentera la Biennale. Les deux artistes réaliseront une création commune.
Enfin, l'École Saint-Jean accueillera Katrhyn Delaney ce printemps par le biais du programme «Une école accueille un artiste». Mme Delaney, qui connaît bien le Nord, initiera les jeunes à la technique de l'estampe utilisée par les Inuit: «Dans ce dernier cas, nous espérons que les enfants vont convaincre les parents de participer à la Biennale cet été» de dire Mme Gamache.
Deux cultures
L'idée de jumeler la culture port-jolienne à celle du Nunavit revient à l'artiste Michel Saulnier, de Saint-Jean-Port-Joli. Appelé à faire partie d'un jury en 2014 au Nunavit, il y rencontre M. Louis Gagnon, de l'Institut culturel Avataq. De la discussion est née l'idée... puis le projet qui se concrétisera cet été.
«Cette Biennale va représenter tout un défi, car elle va nous sortir de notre zone de confort. Il va s'agir d'une rencontre avec une autre culture, une rencontre entre deux communautés» de préciser Mme Gamache.
Selon Mme Beatrice Deer, commissaire de la Biennale, l'évènement vise à créer des liens, à mettre en valeur les deux cultures et à partager des savoir-faire. Au dire de M. Gagnon, il s'agit probablement de la première rencontre interculturelle à laquelle participent des artistes Inuits. Du même coup, on fera un pied de nez à l'histoire. En effet, dans les années 40-50, le gouvernement fédéral, qui voulait assurer le développement économique du Grand Nord, avait lancé ce mot d'ordre aux Inuits: «Sculptez la pierre et non le bois, car vous ne pourrez pas soutenir la compétition avec les sculpteurs de Saint-Jean-Port-Joli». Or, ironie du sort, leur première sortie interculturelle se déroulera plusieurs décennies plus tard dans la Capitale de la sculpture sur bois!
Bref, du 21 au 24 juillet, dans un contexte de culture au sens large, les sept duos produiront des uvres en trois dimensions en utilisant divers matériaux.
Photo : De gauche à droite, Mme Marie-Claude Gamache et M. François Garon, de la Biennale de la sculpture, M. Louis Gagnon, de l'Institut culturel Avataq, Mme Beatrice Deer, commissaire, et M. Michel Saulnier, représentant de la Biennale.