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Selon l'INSPQ, il manque de données scientifiques fiables pour juger de l'efficacité du couvre-visage dans la population générale

Dans une revue systématique portant sur l'efficacité de méthodes de prévention dites « barrière » pour protéger la population de la COVID-19 dans les environnements professionnels et personnels, l'Institut national de santé publique du Québec a récemment comparé l'efficacité relative de différents types de barrières (ex. : le masque chirurgical, le couvre-visage et la protection oculaire) dans différents contextes personnels et professionnels.

Selon les recherchistes, aucune mesure, prise isolément, ne serait efficace à 100 % et les résultats devraient être interprétés en considérant que le port d'équipement de protection individuelle s'inscrit dans une hiérarchie de mesures de protection et de prévention de l'infection.

Ces mesures incluent la distanciation physique et l'isolement, l'étiquette respiratoire, l'hygiène des mains, la ventilation adéquate et le nettoyage et la désinfection des objets et surfaces.

Voici les résultats

L'analyse a montré que selon les informations scientifiques disponibles au moment de la présente revue systématique :

• Le masque chirurgical (ou de procédure) offre une protection en contexte domiciliaire dans les études où le masque a été porté à la fois par les personnes saines et les personnes malades ou potentiellement malades.
• Quand on compare le masque chirurgical à l'appareil de protection respiratoire N95 en contexte hospitalier ou de soins, la différence d'efficacité pratique entre les deux équipements de protection individuelle n'est pas claire.
• Il manque de données scientifiques fiables pour juger de l'efficacité du couvre-visage (masque artisanale) dans la population générale.
• En contexte hospitalier ou de soins, les données disponibles suggèrent une efficacité moindre du couvre-visage comparativement au masque chirurgical comme protection individuelle.
• Il manque de données scientifiques fiables pour juger de l'efficacité de la protection oculaire dans différents contextes personnels ou professionnels.

Méthodologie

Les bases de données Medline et Embase ont été consultées depuis leur début jusqu'au 11 mai 2020, avec une relance le 3 juin 2020 en combinant des mots-clés se référant à trois concepts, soit « méthode barrière », « comparaison/efficacité » et « infections respiratoires ».

Les études de la relance si elles s'avéraient admissibles ont été considérées dans la discussion.

La recherche a donné lieu à 483 articles. Les études épidémiologiques sélectionnées ont ensuite été évaluées pour leur qualité méthodologique.

Au final, 20 études épidémiologiques de qualité modérée, élevée ou très élevée ont contribué à la preuve sur l'efficacité du masque chirurgical, du couvre-visage ou de la protection oculaire pour différents contextes professionnels ou personnels.

En plus d'une révision par les pairs, l'INSPQ a fait appel à un Comité consultatif d'interprétation dont les travaux et délibérations ont permis de bonifier et enrichir les constats et conclusions.

Le rapport de ce comité peut d'ailleurs être consulté.

En conclusion, les constats dégagés par cette étude sont appuyés sur des données qui étaient disponibles au moment de la réalisation de la revue et de ses analyses.

Par conséquent, la preuve est principalement indirecte, c'est-à-dire qu'elle repose surtout sur des études portant sur d'autres types de virus respiratoires que le SRAS-CoV-2.

De plus, la revue systématique ne permet pas de se prononcer pour des environnements professionnels ou personnels autres que ceux de la santé et domiciliaires.

Les futures recommandations devront tenir compte du contexte et de l'évolution des connaissances sur le mode de transmission du SRAS-CoV-2.

Soulignons que cette revue systématique avec méta-analyses ne comporte pas de recommandations.

Il appartient aux organismes émetteurs de recommandations et aux décideurs de tenir compte des résultats de cette revue systématique ainsi que des nouvelles études sur la COVID-19 qui se poursuivent à l'échelle internationale.

Cela, en considérant la juste place des moyens de protection dans l'ensemble des mesures de prévention et contrôle des infections, les aspects de faisabilité et d'applicabilité, ainsi que les enjeux éthiques et économiques.

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