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Selon la Ligue des droits et libertés, le passeport vaccinal est une occasion manquée de déconfiner la démocratie

Alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé est sur le point d’annoncer certaines modalités en lien avec le Passeport vaccinal, la Ligue des droits et libertés (LDL) dénonce la décision du gouvernement Legault d’instaurer ledit passeport sans débat public.

Selon la ligue, l’annonce du 5 août dernier n’apporterait aucune réponse concernant des enjeux cruciaux, dont la réelle utilité du passeport vaccinal pour combattre une 4e vague, la protection des données personnelles compte tenu de la sécurité limitée du code QR, l’absence de précisions concernant le maintien d’autres mesures sanitaires préventives dont l’efficacité est démontrée comme le port du masque, le lavage des mains et l’ajout de ventilation dans les écoles, de même que les modalités entourant la mise en application et la surveillance de cette mesure.

« Or, en échange de la vérification du Code QR, certains propriétaires de commerces demandent déjà un abaissement des mesures sanitaires, pourtant nécessaires. Sur cette dernière question, les risques de discriminations et de décisions arbitraires quant à l’accès aux services ont déjà été soulevés par plusieurs organisations, dont la CDPDJ », a affirmé Catherine Descoteaux, coordonnatrice de la LDL.

Toujours selon la ligue, des études récentes auraient démontré que la vaccination est la plus efficace pour limiter la propagation du variant Delta lorsqu’elle est jumelée à d’autres mesures sanitaires comme le port du masque et la distanciation sociale.

« Tant que l’immunité collective ne sera pas atteinte, les risques de transmission du virus demeureront donc non négligeables. L’établissement d’un passeport vaccinal pourrait alors créer un faux sentiment de sécurité dans la population. Depuis le début de la pandémie, la population québécoise s’est conformée de manière exemplaire aux diverses mesures sanitaires mises en place par le gouvernement : distanciation sociale, port du masque, confinement, couvre-feu, etc. Le 6 août dernier, pas moins de 73,9 % de la population avait obtenu au moins un premier vaccin et les prévisions montraient qu’au moins 80 % de l’ensemble de la population admissible aurait reçu ses deux doses en date du 10 septembre 2021. À la vue de ces statistiques, on peut sérieusement se demander si le contrôle des codes QR ne deviendra pas rapidement accessoire dans une population largement vaccinée. À ce titre, les sociétés démocratiques ne devraient pas s’organiser autour de privilèges, mais de droits », a ajouté Mme Descoteaux.

« Comme à plusieurs moments lors de cette crise sanitaire, le gouvernement Legault refuse de faire preuve de transparence et de soumettre ses décisions au travail parlementaire .Le présent scénario ressemble beaucoup à la tentative d'imposer les applications de traçage de contact au début de la pandémie. Ces applications étaient présentées comme une solution incontournable. Mais après une consultation parlementaire, on s'est rendu compte que cet outil posait de nombreux problèmes en termes d'efficacité, de fiabilité et de protection des données personnelles, entre autres. La conclusion était que cette technologie apportait plus d'inconvénients que d'avantages. Peut-on prendre le temps de faire un examen similaire avant le passeport numérique, en particulier en ce qui concerne ses impacts sur les droits humains ? », a expliqué Mme Descoteaux.

Selon la ligue, toutes les mesures sanitaires nécessaires à la lutte contre la pandémie, aussi légitimes soient-elles, doivent être débattues pour être validées, plutôt que d'être décidées de manière opaque et unilatérale.

Dans cette perspective, le 26 mai dernier, la LDL a lancé une déclaration demandant au gouvernement du Québec de mettre fin à l'état d'urgence afin de « déconfiner » notre démocratie.

À ce jour, 65 organisations de la société civile ont exprimé leur appui à cette déclaration.

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