Michel Chassé-L'Oie blanche
Économe diocésain de l'Église de Sainte-Anne, M. Yvan Thériault est on ne peut plus clair: «Si des municipalités veulent avoir la gestion des cimetières, elles vont faire un saut, car on s'obstinera pas longtemps» a-t-il lancé quand nous l'avons rencontré pour donner suite au colloque «L'avenir des cimetières du Québec» qui avait lieu récemment à l'Université Laval sous l'égide de l'Écomusée de l'Au-Delà et de la Société québécoise d'ethnologie.
Ce colloque avait débouché sur une «Déclaration finale en faveur d'une loi-cadre et d'une fiducie» où les auteurs estiment que l'avenir des cimetières passe par un encadrement législatif qui permettrait d'encadrer la disposition des restes humains (incluant les cendres cinéraires), placer les cimetières en difficulté sous la responsabilité des municipalités (en collaboration avec les propriétaires ou gestionnaires), garantir les rituels propres à chaque tradition religieuse et créer un fonds d'entretien placé en fiducie. Tout cela dans un but très louable, M. Thériault en convient, de préserver ces lieux d'archives et de mémoire que sont les cimetières.
«Si on accepte la municipalisation des cimetières, est-ce qu'on va taxer tout le monde pour assurer l'entretien. De notre côté, nous appliquons le principe utilisateur/payeur. Les familles sont les premières responsables de leur lot. C'est à elles de payer» de préciser M. Thériault.
Dans le diocèse, on compte 50 cimetières en excluant les trois de Rivière-du-Loup et celui de Montmagny qui sont gérés par des corporations. En 2011, 16 de ces 50 cimetières ont déclaré un déficit d'opération variant entre 20$ et 11 200$. Et une seule fabrique ne dispose pas d'un dépôt en fiducie pour assurer l'entretien à long terme de son cimetière. «La situation financière est loin d'être dramatique, mais il faut y voir. Les personnes qui ont des obligations doivent les respecter» de dire M. Thériault.
«Quand les gens ne respectent plus leur engagement pour diverses raisons (par exemple, après des décennies, il n'y a plus aucun représentant de la famille, on ne sait même plus où envoyer la facture), il peut arriver ce qui s'est passé à L'Islet. Ce n'est pas la seule place où cela s'est produit et ce ne sera pas la dernière non plus. C'est bien beau les principes, mais un moment donné il faut de l'argent pour opérer. D'ailleurs, de plus en plus de gens veulent remettre leur lot à la fabrique pour ne plus avoir à l'entretenir» d'ajouter M. Thériault.
Au chapitre de la confessionnalité, M. Thériault rétorque que «nos cimetières sont pas mal accueillants».