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Un Magnymontois d'origine et ex-attaché politique s'étant inventé une carrière militaire se fait démasquer

Page Facebook Stolen Valour Canada
Michel-Éric Castonguay, dans son faux uniforme militaire...

Michel-Éric Castonguay 38 ans, originaire de Montmagny a vu son histoire inventée de toute pièce s'effondrer ce matin lorsque La Presse a divulgué plusieurs informations à son sujet.

En effet, dans l'édition de La Presse du mardi 12 décembre 2017, Michel-Éric Castonguay — un supposé major des Forces armées canadiennes – aurait pris part à des événements militaires, vêtu d'un uniforme bardé de médailles alors que ce dernier n'avait jamais servi au sein de ces dernières.

Toujours selon La Presse, le porte-parole des Forces, Daniel Lebouthillier n'a pas été en mesure de confirmer si Castonguay avait bel et bien servi dans l'Armée canadienne.

« Nous ne sommes pas en mesure de confirmer que cet individu a servi comme membre des Forces armées canadiennes. Les militaires sont très fiers de porter l'uniforme, un droit qu'ils ont acquis par leur travail acharné et leurs sacrifices au service de notre pays. Tout usage non autorisé de l'uniforme militaire peut faire l'objet d'une enquête menée par les autorités civiles », a-t-il déclaré.

Des photos de M. Castonguay en uniforme, arborant un grade de major ainsi que de nombreux insignes et médailles, ont été diffusées le 9 décembre sur la page Facebook « Stolen Valour Canada », un organisme qui s'est donné pour devoir de démasquer les gens qui se font passer pour des militaires, ce qui lui a valu une pluie d'injures sur le site en question…

Selon Stolen Valour Canada, Castonguay aurait admis être un imposteur absolu, tout en prétendant avoir remis ses fausses médailles et ses insignes bidon à un commandant militaire de la région de Québec durant l'été 2014.

Une version qui semble pour cette fois crédible puisque son employeur de l'époque, le député libéral de Montmorency, Raymond Bernier avait reçu une lettre des Forces armées canadiennes l'informant de l'imposture de son attaché politique dès le mois d'août 2014.

Dans une lettre officielle adressée au député, un représentant de l'armée avait prévenu que si M. Castonguay faisait encore une nouvelle apparition publique en uniforme, il ferait face à des poursuites judiciaires.

Le député aurait par la suite exigé que son employé retourne l'uniforme ainsi que ses médailles à la défense nationale.

« J'ai même demandé à un attaché politique de l'accompagner. Je lui ai également défendu de participer à toute activité militaire, directe ou indirecte, » a-t-il mentionné à La Presse.

Le député libéral a tout de même décidé de garder Castonguay à son emploi puisqu'il était père de deux enfants et qu'il était très compétent dans son travail auprès des citoyens du comté.

Soulignons toutefois que Michel-Éric Castonguay n'est plus à l'emploi de Raymond Bernier depuis octobre 2017. Il s'agirait par ailleurs d'un départ volontaire.

Il travaille désormais comme directeur général au Secrétariat du Bingo qui regroupe et représente les acteurs qui bénéficient des retombées générées par l'industrie des jeux collectifs, afin de contribuer au financement des organismes à but non lucratif (OSBL).

Impliqué en politique avec les conservateurs

En plus d'avoir été attaché politique du député libéral de Montmorency, Raymond Bernier, Michel-Éric Castonguay a également travaillé pour deux ministres conservateurs, soit Christian Paradis et Denis Lebel lorsque Stephen Harper dirigeait le Canada.

De plus, il a aussi été le président de l'Association conservatrice de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup tout en étant un des lieutenants de Bernard Généreux lorsque celui-ci a gagné sa première élection dans la partielle de 2009.

Il a aussi représenté les couleurs conservatrices à l'élection de 2011 dans la circonscription de Montmorency – Charlevoix-Haute-Côte-Nord.

Il s'était par ailleurs impliqué avec la Coalition avenir Québec à ses débuts et avait même envisagé de se présenter contre Norbert Morin à l'élection de 2012.

Rejoins par notre service de nouvelles, l'ex-organisateur en chef du Parti conservateur pour le Québec qui est désormais sénateur à Ottawa, Ghislain Maltais s'est dit surpris des révélations faites par La Presse au sujet d'un de ses anciens candidats, en expliquant qu'à l'époque, les vérifications de sécurité avaient été faites à son endroit, et que rien n'avait été signalé à son sujet.

« J'ai toujours pensé qu'il avait été dans l'armée et qu'il était bel et bien un médecin vétérinaire comme il le prétendait. Il s'était d'ailleurs toujours présenté comme tel — je l'appelais même docteur mouton, » a commenté le sénateur, certainement surpris de la tournure des événements…

Pour le député de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivère-du-Loup, Bernard Généreux, les révélations de mardi matin au sujet de son ancien président d'association le surprennent au plus haut point.

« Je tombe littéralement des nues à l'annonce de cette nouvelle ce matin. Jamais je n'aurais imaginé que cette personne ait usurpé des titres et une identité. Par contre, dans la période où M. Castonguay était président de l'Association et coorganisateur de ma campagne en 2009, il a démontré les qualités d'un bon travailleur. »

Docteur en médecine vétérinaire, vraiment?

Michel-Éric Castonguay s'était présenté à l'élection de 2011 comme étant un docteur en médecine vétérinaire qui réalisait des recherches dans le monde de la médecine ovine tout en soutenant être un vétéran d'Afghanistan. Le candidat prétendait ainsi être titulaire d'un doctorat en médecine vétérinaire acquis à l'Université de Glasgow, en Écosse – version qu'il a répétée à maintes reprises à qui voulait l'entendre.

Cependant, dans l'article de La Presse du 12 décembre, ce dernier assure n'avoir jamais rien dit de tel. « Je n'ai pas de diplôme de médecine vétérinaire. J'ai travaillé sur une ferme, » ce qui n'est pas tout à fait l'Université de Glasgow, en Écosse…

Sa fausse histoire militaire bien ficelée

Plusieurs conservateurs ayant travaillé avec Michel-Éric Castonguay n'en reviennent tout simplement pas, comparant même celui-ci au journaliste François Bugingo – désormais célèbre pour ses faux reportages saisissant à travers le monde mettant en relief des scènes dignes d'Hollywood où il n'a finalement jamais mis les pieds, ou bien au chef cuisinier Giovanni Apollo qui prétendait être née en Italie et avoir été l'élève d'un grand chef, alors que le tout était faux…

Selon un des nombreux bénévoles conservateurs ayant côtoyé Castonguay, le faux militaire lui aurait raconté à l'époque qu'il s'était fait blesser en Afghanistan et qu'à un autre moment, il aurait ordonné une frappe d'artillerie sur les troupes ennemies alors que lui et ses hommes étaient encerclés.

Par la suite, les soldats sous le commandement de leur officier auraient été obligés d'enterrer les corps déchiquetés des talibans, ce qui aurait provoqué ensuite chez lui, un problème post-traumatique qui lui aurait valu de prendre des médicaments.

Castonguay a raconté énormément d'histoire à son sujet en lien avec sa pseudo carrière militaire et son doctorat en médecine vétérinaire acquis en Écosse, ce qui lui a octroyé la notoriété nécessaire afin de pouvoir graviter auprès des décideurs politiques d'un gouvernement membre du G8…

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