Le 13 mars dernier à Rivière-Ouelle, Ouranos, consortium sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques qui intègre 250 scientifiques issus de différentes disciplines, a présenté les résultats de trois études portants sur les impacts des changements climatiques en zone côtière. Une quarantaine de personnes concernées par la problématique étaient présentes.
La présentation visait notamment à faire connaître et comprendre les résultats des études. Pour le Kamouraska, la présentation a ciblé un secteur de terres agricoles protégées par un aboiteau qui pourrait être menacé au cours des 15 ou 20 prochaines années. L’une de ces études est particulièrement intéressante pour la région : l’analyse coûts-avantages des options d’adaptation en zone côtière à Rivière-Ouelle.
On y apprend que la présence du marais saumâtre protège l’aboiteau, mais qu’avec un taux de recul probable du marais de -1,93 m par an à son point le plus critique, l’aboiteau sera exposé à l’érosion à partir de 2035. Sur un horizon temporel de 50 ans, si rien n’est fait, c’est plus de 200 hectares de terres agricoles qui pourraient être perdus dans cette zone.
L'option d'un recul partiel de l'aboiteau privilégier
Quatre options sont envisagées pour protéger l'aboiteau : (1) la construction d'un épi en T formé de pierres qui serait construit à l'avant de la partie de l'aboiteau la plus vulnérable à l'érosion du marais, (2) l'enrochement de l'aboiteau afin qu'il soit en mesure de contrer l'érosion, (3) le recul partiel de l'aboiteau dans sa partie la plus vulnérable (perte d'environ 14 hectares de terres agricoles), afin de permettre au marais de continuer à assurer une protection naturelle et, enfin, (4) le recul de l'aboiteau jusqu'au rang de l'Éventail permettant ainsi au marais de se régénérer sur une superficie potentielle de 200 hectares.
L'analyse conclut que l'option du recul partiel combinée au rehaussement de l'aboiteau demeure la solution privilégiée. Elle permet de redonner à l'aboiteau sa protection naturelle, soit un marais, ce qui évite d'avoir à enrocher l'aboiteau ou à le protéger par un épi en T, deux options très coûteuses par rapport aux dommages appréhendés au cours des 50 prochaines années.
« Les travaux ont permis de quantifier économiquement les impacts futurs des changements climatiques pour le secteur et de voir que le recul des actifs peut parfois être la solution la plus rentable si les mécanismes appropriés sont mis en place », a mentionné M. Laurent Da Silva, économiste principal chez Ouranos inc.
Toujours selon le document produit par Ouranos, l'option de recul partiel de l'aboiteau offre des avantages actualisés nets de 189 308 $ par rapport à la non-intervention. Chaque dollar consenti pour cette option permet de générer 1,37 $ d'avantage.
« Dans un contexte de changements climatiques et de rehaussement du niveau du fleuve, il faut s'attendre à ce que les aboiteaux soient de plus en plus exposés à l'érosion. Une chose est sûre, nous continuerons d'approfondir nos connaissances à ce sujet, toujours dans un esprit de concertation avec notre milieu », a déclaré M. Pierre Désy, directeur du service de l'aménagement et de la mise en valeur du territoire de la MRC de Kamouraska.
Il est possible de consulter l'analyse à l'adresse suivante : www.ouranos.ca/publication-scientifique/Résumé_Exécutif_RivOuelle.pdf