Sylvain Fournier - L'OIE BLANCHE
Une équipe de recherche, dont fait partie Mme Danielle Cloutier originaire de Saint-Paul-de-Montminy, a entrepris, depuis juin 2011, une étude d?envergure sur l?érosion des berges à L?Isle-aux-Grues.
Mme Cloutier, qui est détentrice d?un doctorat en océanographie, et l?équipe de recherche dirigée par la professeure Najat Bhiry est formée de chercheures de l?Université Laval, du ministère du Développement durable, de l?Environnement, de la Faune et des Parcs, d?Environnement Canada et du Consortium Ouranos.
On étudie en particulier les marais exposés aux marées qui sont situées du côté nord de l?île. Cette étude se poursuit en hiver comme en été jusqu?en 2013, avec la possibilité de prolongation selon la disponibilité des budgets.
Le projet auquel Mme Cloutier participe consiste à documenter l?ampleur de l?érosion et à identifier les facteurs responsables du recul des marais. «Jusqu?à aujourd?hui, peu d?études ont porté sur l?ampleur du recul des berges et sur les facteurs en cause dans l?ensemble de ce secteur du fleuve», a mentionné Mme Cloutier.
Dans cette perspective, l?équipe de chercheures a entrepris de mieux documenter l?évolution des berges afin de prendre les mesures nécessaires pour assurer le maintien de la biodiversité et la sauvegarde des espèces menacées ou vulnérables. Au total, quatre sites font l?objet de cette recherche, dont les marais de Beaumont, de Château-Richer, de Saint-Augustin-de-Desmaures et de l?Isle-aux-Grues.
Sur place, plusieurs instruments de mesure permettent de recueillir une multitude de données.
«Dans certains marais de l?estuaire d?eau douce, l?érosion des berges peut s?avérer très importante. À l?Isle-aux-Grues, la présence de grands radeaux de végétation arrachés du haut marais traduisent bien ce phénomène», a-t-elle observé. L?érosion des berges est un phénomène naturel qui est souvent accentuée ou accélérée par certaines activités humaines. Les facteurs naturels causant l?érosion comprennent les variations des niveaux d?eau, les forts courants influencés par les débits, les vagues de tempête, le ruissellement de l?eau dû aux fortes pluies, la fonte des neiges, les mouvements des glaces au printemps, le gel et le dégel. Dans un contexte de changements climatiques, une accélération du phénomène d?érosion des berges est attendue, a noté la chercheure.
Les méthodes et outils de recherche sont variées et comprennent notamment des photographies aériennes datant de 1950 à aujourd?hui, et permettant de tracer l?évolution des marais au cours de ces années.
L?équipe documente également la période de formation des glaces, pendant toute la période hivernale de 2011 à 2013, jusqu?au printemps. Le recul du haut marais, les mesures d?accumulation de sédiments et les relevés de végétation sont aussi faits régulièrement. Le suivi des niveaux d?eau est possible grâce à l?utilisation de marégraphes.
Les résultats du projet sont destinés aux gestionnaires des milieux humides du Saint-Laurent, particulièrement ceux qui doivent assurer la survie des espèces en situation précaire.
«Nous espérons qu?à partir de ces résultats, on sera en mesure d?adapter les plans et les stratégies de protection des espèces menacées ou vulnérables», a dit Mme Cloutier en précisant que les données seront à la disposition des organisations qui ont des droits de propriété ou des ententes de conservation concernant les sites à l?étude. Ces organisations favorisent le transfert de l?information auprès des municipalités et de la population.
Pour Mme Cloutier, ce n?est pas la première fois qu?elle étudie les phénomènes d?érosion. Elle a entre autres travaillé pendant six mois à Venise en Italie pour une recherche dans ce genre au début des années 2000. En plus de ses travaux de recherche, Mme Cloutier enseigne à l?Université Laval au programme de maitrise professionnelle en biogéosciences de l?environnement qui forme les futurs professionnels en environnement.
Photo: Une plaque à sédiments installée sur le marais qui montre bien l?accumulation de sédiments. Pour le commun des mortels il s?agit de boue, mais pour une sédimentologue comme Mme Cloutier, c?est une très belle photo.