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Hugo Latulippe répond à Bernard Généreux

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Cher Bernard,

D’abord, bravo pour votre victoire sans équivoque. Vous êtes désormais notre député à Ottawa et je suis convaincu que vous ferez ce travail avec énergie et bonne volonté.

Je vous reconnais dans cette lettre que vous m’adressez, et, d’une certaine manière, je comprends pourquoi les gens ont voté pour vous. Vous avez les qualités humaines indéniables d’un bon politicien, vous êtes un homme aimant et vous parlez avec votre cœur. C’est tout à votre honneur.

Je suis par contre bien désolé de lire que ma Lettre à Simone a donné lieu à toutes sortes d’interprétations farfelues, allégations et dérapages rhétoriques qui nous éloignent du sens de mon propos.

Les chroniqueurs de certains journaux, qui savent composer des titres parfaits pour faire enrager les gens (et donc générer des clics, et donc générer des revenus !) y sont peut-être pour quelque chose…

Peut-être ai-je aussi été maladroit ? Soit ! Soyez en tout cas assuré que mon intention n’était pas de diminuerqui que ce soit.Ce ne serait d’ailleurs pas très intéressant à faire sur la place publique que de s’en prendre les uns aux autres personnellement.Et puis ça ne mène nulle part.

Peut-être mon questionnement aurait-il dû d’emblée prendre une forme plus générale. Mes questions s’adressent à nous tous -y compris à moi-même puisque jamais je ne me dissocie du peuple que j’aime et qui est le mien.

Comme vous le dites bien, l’éducation d’une population ne se limite pas à son niveau de scolarité et on peut savoir et comprendre beaucoup de choses sans aller à l’école longtemps.

C’est justement de cela que j’aimerais vous reparler. J’insiste.

Comment se fait-il que, dans une société aussi informée et éduquée que la nôtre ; sachant tout ce que l’on sait en 2019 (sans avoir nécessairement besoin d’un doctorat en biologie ou en économie), nous faisions – selon ce que j’en comprends - des choix politiques qui vont à l’encontre de ce que l’on sait ?

Par exemple. Grâce au travail des 30 dernières années des 15 000 scientifiques du GIEC, nous savons que notre mode de vie (notre modèle économique ; nos manières de transiger ;notrefaçon de calculer la richesse des peuples en la fondant sur des indices comme le PIB ; l'impératif de croissance annuelle que nous appliquons à toutes les sphères d'activités humaines, etc.) est directement lié au réchauffement du climat et nous savons aussi que si ce réchauffement atteint les +2 degrés par rapport à l'année de référence, c'est tout l'équilibre planétaire qui pourrait se dérégler irrémédiablement.

Nous sommes en train de parler de la survie de l'espèce humaine et je pense que tout le monde sait cela (le niveau de certitude des scientifiques sur le rôle des humains dans tout ça atteint désormais 97%). Cet état de fait concerne au premier chef l'avenir de nos enfants et de nos petits enfants.

Allons-nous leur léguer un monde qui glissera vers le chaos ?

Quand je suggérais que nous sommes face « à un problème général d'éducation »… je me demandais en fait ceci : Avons-nous échoué, cher ami, à transmettre à tous le degré d'importance de cette conversation ? Échouons-nous à transmettre le degré d'urgence de la situation climatique planétaire ?

Sinon, pourquoi voterions-nous pour des partis qui ne sont pas engagés à démanteler l'industrie pétrolière albertaine(qui est, comme chacun sait, la grande responsable des niveaux de GES catastrophiques du Canada en 2019) aussi vite que possible?

Je le redis, mes questions sont de l'ordre de l'exigence envers nous comme peuple, comme citoyens pensants, comme collectivité. Mes questions sont liées à mon amour du monde et de la vieaussi ; elles sont bienveillantes, elles visent à nous faire progressersomehow.

Nos choix politiques récents reflètent-ils ce que l'on sait ?

Est-ce que le parti auquel vous appartenez travaillera prioritairement à développer à une filière énergétique alternative et durable, digne d'un pays avancé ?Le contraire serait-ilcompatible avec la modernité ?

De nouveau,il n'est pas question ici de juger les choix d'une personne en particulier. Ça n'aurait aucun intérêt. Ce que je juge et questionne, c'est notre trajectoire commune. Qu'est-ce que nous choisirons ensemble pour nous et pour nos enfants ? Qu'est-ce qui est sacré ? Qu'est-ce qui mobilisera nos forces, comme peuple, au cours des quatre prochaines années ?

À une autre lettre, je préfèrerais que votre travail soit votre vraie réponse à mes questions de simple citoyen et que votre mandat de député de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup soit consacré à travailler aux solutions à l'immense défi qui est le nôtre comme Québécois, comme Canadiens et comme citoyens du monde.

J'ose espérer que nous trouverons une manière de progresser ensemble. Sachez que je suis disposé à y contribuer, comme citoyen, comme papa, comme travailleur et comme entrepreneur. Je vous offre mes bras, mes aptitudes et ma bonne volonté.

Et sur ce, je vous souhaite un beau début d'hiver, Bernard. Souhaitons-nous des jours heureux. Et un avenir.

Avec mes salutations chaleureuses,

Hugo
 

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